Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/242

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en différentes années, des quantités fort différentes de blé, de vin, de houblon, de sucre, de tabac, etc. Aussi, le prix de ce genre de marchandises varie, non-seulement d’après les variations de la demande mais encore d’après les variations bien plus fortes et bien plus fréquentes de la quantité produite, et il est, par conséquent, extrêmement mobile. Or, il faut nécessairement que le profit de quelques-uns de ceux qui font commerce de ces denrées se ressente de la mobilité du prix. Ceux qui se livrent au commerce de spéculation établissent leurs principales opérations sur ces sortes de marchandises. Quand ils prévoient que le prix pourra monter, ils en accaparent autant qu’ils peuvent, et ils cherchent à vendre quand il y a apparence de baisse.

Troisièmement, cette égalité dans la somme totale des avantages et désavantages de divers emplois de travail et de capitaux ne peut avoir lieu que dans les emplois qui sont la seule ou la principale occupation de ceux qui les exercent.

Lorsqu’une personne tire sa subsistance d’un emploi qui n’occupe pas la plus grande partie de son temps, elle consent volontiers, dans ses intervalles de loisir, à travailler à quelque autre emploi pour un salaire moindre que ne le comporterait sans cela la nature de ce travail.

Il existe encore, dans plusieurs endroits de l’Écosse, une classe de gens qu’on nomme cotters ou cottagers[1], qui étaient, il y a quelques années, encore plus nombreux qu’aujourd’hui[2]. Ce sont des espèces de domestiques externes des propriétaires et des fermiers. La rétribution d’usage qu’ils reçoivent de leur maître, c’est une maison, un petit jardin potager, autant d’herbe qu’il en faut pour nourrir une vache, et peut-être une acre ou deux de mauvaise terre labourable. Quand le maître les emploie, il leur donne en outre quatre gallons[3] de farine d’avoine par semaine, valant environ 16 deniers sterling. Pendant une grande partie de l’année, il ne les emploie pas ou les emploie très-peu, et la culture de leur petite possession ne suffit pas pour occuper tout le temps qu’on leur laisse libre. Quand ces tenanciers étaient plus nombreux qu’ils ne sont maintenant, on dit que, moyennant une très-faible rétribution, ils donnaient volontiers le superflu de leur

  1. Du mot cottage, qui veut dire chaumière.
  2. Aujourd’hui cette classe a entièrement disparu. Mac Culloch.
  3. En anglais pecks. Le peck anglais vaut 2 gallons, ou 9 litres 86 millilitres en mesures françaises.