Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/261

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lui des ouvriers jusqu’au degré qu’elle s’était proposé, parce qu’elle n’a jamais pu empêcher que les premiers, vu leur état d’indigence et la multitude des concurrents, ne consentissent à accepter moins que la rétribution fixée par la loi ; ni que les autres, vu la concurrence contraire de ceux qui trouvent leur profit et leur plaisir à les employer, ne reçussent davantage.

Les grands bénéfices et les autres honneurs ecclésiastiques soutiennent la dignité de l’Église, malgré la chétive condition de ses membres inférieurs. La considération que l’on porte à cette profession, même pour ces derniers, dédommage de la modicité de leur récompense pécuniaire. En Angleterre et dans tous les pays catholiques ro­mains, la chance de fortune dans l’Église est, en réalité, plus avantageuse qu’il ne le faut. Il suffit de l’exemple des Églises d’Écosse, de Genève et de plusieurs autres de la communion protestante, pour nous convaincre que dans une profession aussi recom­mandable, où l’on a tant de facilité pour se procurer l’éducation nécessaire, la seule perspective de bénéfices beaucoup plus modiques attirerait dans les ordres sacrés un nombre suffisant d’hommes instruits, bien nés et respectables[1].

Si l’on élevait proportionnellement une aussi grande quantité de personnes aux frais du public, dans les professions où il n’y a pas de bénéfices, telles que le droit et la médecine, la concurrence y serait bientôt si grande, que la récompense pécuniaire baisserait considérablement : personne alors ne voudrait prendre la peine de faire élever son fils à ses dépens dans l’une ou l’autre de ces professions. Elles seraient aban­données uniquement à ceux qui y auraient été préparés par cette espèce de chari­té publique, et ces deux professions, aujourd’hui si honorées, seraient tout à fait dé­gra­­dées par la misérable rétribution dont ces élèves si nombreux et si indigents se verraient en général forcés de se contenter.

  1. Voyez liv. V, chap. i, sect. 3, art. 3.
    Un acte passé en 1812 élève à 150 livres sterling les honoraires des ecclésiastiques d’Écosse, qui étaient au-dessous de cette somme, sans compter le logement et le casuel. On admet généralement que cette somme est insuffisante pour entretenir un ecclésiastique d’une manière conforme à sa condition, et que le minimum des honoraires, outre le logement et le casuel, devrait être élevé à 250 ou 300 livres sterling par an. Mac Culloch.