Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/276

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contente de quelque chose de moins que les profits ordinaires des fermes du canton. Néanmoins, ce surplus peut toujours être regardé comme la rente naturelle de la terre, ou la rente moyennant laquelle on peut naturellement penser que seront louées la plupart des terres.

On pourrait se figurer que la Rente de la terre n’est souvent autre chose qu’un Profit et un Intérêt raisonnable du capital que le propriétaire a employé à l’amélioration de la terre. Sans doute, il y a des circonstances où la rente pourrait être regardée en partie comme telle ; car il ne peut presque jamais arriver que cela ait lieu pour plus que pour une partie[1]. Le propriétaire exige une rente même pour la terre non améliorée, et ce qu’on pourrait supposer être un intérêt ou profit des dépenses d’amélioration n’est, en général, qu’une addition à cette rente primitive. D’ailleurs, ces améliorations ne sont pas toujours faites avec les fonds du propriétaire, mais quelquefois avec ceux du fermier ; cependant, quand il s’agit de renouveler le bail, le propriétaire exige ordinairement la même augmentation de rente que si toutes ces améliorations eussent été faites de ses propres fonds.

Il exige quelquefois une rente pour ce qui est tout à fait incapable d’être amélioré par la main des hommes. La salicorne[2] est une espèce de plante marine qui donne, quand elle est brûlée, un sel alcalin dont on se sert pour faire du verre, du savon, et pour plusieurs autres usages ; elle croît en différents endroits de la Grande-Bretagne, particulièrement en Écosse, et seulement sur des rochers situés au-dessous de la haute marée, qui sont, deux fois par jour, couverts par les eaux de la mer, et dont le produit, par conséquent, n’a jamais été augmenté par l’industrie des hommes. Cependant, le propriétaire d’un domaine borné par un rivage où croît cette espèce de salicorne en exige une rente tout aussi bien que de ses terres à blé.

  1. La rente de la terre, proprement dite, est la somme que l’on paye pour user de la puissance productive naturelle inhérente au sol, et elle est entièrement distincte de la somme payée pour l’usage des constructions, chemins, clôtures et autres améliorations faites sur le sol. La dernière somme n’est que le profit ou l’intérêt du capital engagé sur le sol. En pratique, ces deux sommes sont confondues sous le terme général de fermage, comme elles l’ont été ici par le Dr Smith ; mais elles sont essentiellement distinctes, et elles doivent être considérées ainsi dans les recherches de cette nature. Mac Culloch.
  2. Le nom anglais est kelp. Cette plante est du genre des salicornia, de Linné.