Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/278

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et des profits élevés ou bas ; mais c’est parce que son prix est élevé ou bas, c’est parce qu’il est ou beaucoup ou très-peu plus, ou pas du tout plus élevé que ce qui suffit pour payer ces salaires et ces profits, que cette denrée fournit de quoi payer une forte ou une faible rente, ou ne permet pas d’en acquitter une.

Je considérerai en particulier : 1° les parties du produit de la terre qui fournissent toujours de quoi payer une rente ; 2° celles qui peuvent quelquefois fournir de quoi en payer une, et quelquefois non ; 3° les variations qui, dans les différentes périodes de développement des sociétés, s’opèrent naturellement dans la valeur relative de ces deux différentes sortes de produits, soit qu’on les compare l’une avec l’autre, soit qu’on les compare avec les marchandises manufacturées. Ces trois objets diviseront ce chapitre en trois sections.



Section Ire.
Du produit qui fournit toujours de quoi payer une rente.


Les hommes, comme toutes les autres espèces d’animaux, se multipliant naturellement en proportion des moyens de subsistance, les denrées alimentaires sont toujours plus ou moins demandées. En tout temps, la nourriture pourra acheter ou commander une quantité plus ou moins grande de travail, et toujours il se trouvera des individus disposés à faire quelque chose pour la gagner. À la vérité, ce qu’elle peut acheter de travail n’est pas toujours égal à ce qu’elle pourrait faire subsister de travailleurs si elle était distribuée de la manière la plus économique, et cela à cause des salaires élevés qui sont quelquefois donnés au travail. Mais elle peut toujours acheter autant de travail qu’elle peut en entretenir au taux auquel ce genre de travail est communément entretenu dans le pays.

Or, la terre, dans presque toutes les situations possibles, produit plus de nourriture que ce qu’il faut pour entretenir tout le travail qui concourt à mettre cette nourriture au marché, et même l’entretenir de la manière la plus libérale qui ait jamais eu lieu pour ce genre de travail. Le surplus de cette nourriture est aussi toujours plus que suffisant pour remplacer avec profit le capital qui emploie ce travail. Ainsi, il reste toujours quelque chose pour donner une rente au propriétaire.

Les marais les plus déserts d’Écosse et de Norvège forment une