Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si la demande de ce marché venait à s’accroître par le progrès de l’amélioration générale, et que l’approvisionnement n’augmentât pas en même temps dans la même proportion, alors la valeur de l’argent s’élèverait successivement, par rapport à celle du blé. Une quantité donnée d’argent s’échangerait contre une quantité de blé toujours de plus en plus grande, ou, en d’autres termes, le prix moyen du blé en argent deviendrait successivement de plus en plus bas.

Si, au contraire, l’approvisionnement venait à s’accroître, par suite de quelque événement, pendant plusieurs années de suite, dans une proportion beaucoup plus forte que la demande, ce métal deviendrait successivement de moins en moins cher, ou, en d’autres termes, le prix moyen du blé en argent, en dépit de toutes les améliorations possibles, deviendrait successivement de plus en plus cher.

Mais, d’un autre côté, si la quantité ou l’offre de ce métal venait à augmenter à peu près dans la même proportion que la demande, il continuerait alors à acheter ou à obtenir en échange la même ou à peu près la même quantité de blé, et le prix moyen du blé, en argent, resterait toujours à peu près le même, malgré tous les progrès.


Ces trois différents cas épuisent, à ce qu’il semble, toutes les combinaisons d’événements qui peuvent avoir lieu à cet égard dans le cours des progrès de l’amélioration générale ; et si nous pouvons en juger par ce qui s’est passé tant en France que dans la Grande-Bretagne, pendant le cours des quatre siècles qui ont précédé celui-ci, chacune de ces trois combinaisons différentes semble avoir eu lieu dans le marché de l’Europe, et à peu près suivant l’ordre dans lequel je viens de les exposer[1].


DIGRESSION

Sur les variations dans la valeur de l’argent pendant le cours des quatre derniers siècles.


première période.

En 1350, et quelque temps antérieurement à cette époque, le prix moyen d’un quarter de froment en Angleterre n’était estimé valoir, à ce qu’il paraît, pas moins de quatre onces d’argent, poids de la Tour, environ 20 schellings de notre monnaie actuelle. De ce prix il paraît être tombé successivement à deux onces d’argent, égales environ à 10

  1. La valeur des métaux précieux a été bien plus sérieusement altérée par une autre circonstance que le Dr Smith a négligé de signaler : je veux parler de la substitution du papier aux espèces comme intermédiaire des échanges.
    Buchanan.