Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/320

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Cette augmentation dans la valeur de l’argent, relativement à celle du blé, pourrait être attribuée entièrement à une augmentation survenue dans la demande de ce métal, en conséquence des progrès et de l’amélioration de la culture, la quantité ou l’offre demeurant toujours la même pendant ce temps-là ; ou bien elle peut être entièrement due à la diminution successive de l’approvisionnement, la plupart des mines alors connues dans le monde étant fort épuisées et, par conséquent, plus dispendieuses à exploiter ; ou bien, enfin, elle peut être attribuée en partie à l’une et en partie à l’autre de ces deux circonstances. Sur la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième, la plus grande partie de l’Europe s’avançait déjà vers une forme de gouvernement plus stable que celle dont elle avait pu jouir depuis plusieurs siècles. Une plus grande sécurité devait naturellement accroître l’industrie et tous les genres d’amélioration, et la demande des métaux précieux, comme celle de tout autre objet de luxe et d’ornement, devait naturellement augmenter à mesure de l’augmentation des richesses. Un produit annuel plus considérable exigeait, pour sa circulation, une masse d’argent plus considérable, et une plus grande quantité de gens riches demandaient une plus grande quantité de vaisselle et autres meubles en argent. Il est aussi naturel de supposer que la plupart des mines qui fournissaient alors d’argent le marché d’Europe devaient être extrêmement épuisées et que, par conséquent, leur exploitation entraînait plus de dépenses. Plusieurs d’entre elles avaient été exploitées dès le temps des Romains.

Cependant, la plupart de ceux qui ont écrit sur les prix des denrées, dans les temps anciens, ont été d’opinion que, depuis la conquête, peut-être même depuis l’invasion de Jules César, jusques à la découverte des mines d’Amérique, la valeur de l’argent a été continuellement en décroissant. Ils semblent avoir été amenés à cette opinion, en partie par les observations qu’ils ont eu occasion de faire sur les prix, tant du blé que de quelques autres parties du produit brut de la terre, et en partie par cette notion vulgaire que la quantité d’argent augmentant naturellement dans chaque pays à mesure que les richesses y augmentent, sa valeur doit diminuer à mesure qu’il augmente en quantité.

À l’égard de leurs observations sur le prix du blé, trois circonstances différentes les ont souvent induits en erreur.

D’abord, dans l’ancien temps, presque toutes les rentes se payant en