Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/34

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haut prix les ouvrages des artistes, mais on ne connaissait pas l’industrie manufacturière. Il n’y avait guère d’entreprises particulières que pour l’exploitation des mines ou pour la fabrication des armes et de ce qui se consommait à la guerre. Les citoyens qui possédaient ces sortes d’établissements les faisaient diriger par quelque esclave de confiance, et s’ils avaient quelquefois besoin d’emprunter pour soutenir ou étendre leur entreprise, ce qu’ils empruntaient n’était pas un capital pécuniaire, mais un capital en esclaves, dont ils payaient le loyer à raison de tant par jour et par tête, ainsi que nous l’apprenons de Xénophon, dans son Traité sur l’amélioration des finances d’Athènes, dans lequel on trouve des informations sur le prix et les clauses en usage dans ces sortes de marchés. Le seul commerce de quelque importance était celui qui se faisait avec l’étranger ; les particuliers qui voulaient s’y intéresser prêtaient leur argent au négociant voyageur à des conditions réglées par la coutume du lieu, et qui variaient selon le plus ou le moins de risques du voyage. Démosthènes (in Phormionem) donne un exposé très-clair des formes usitées dans les contrats ou prêts à l’aventure.

Les magistratures, les premiers emplois civils et militaires étant exercés gratuitement, les dépenses de l’État étaient peu considérables et ne donnaient lieu qu’à de faibles tributs. Dans les crises inattendues, et lorsque l’État avait à pourvoir à de grands besoins, le zèle et le dévouement des principaux citoyens offraient à la patrie des ressources toujours suffisantes. Lorsque, en l’an 347 de Rome, le sénat décréta qu’il serait donné une solde à l’infanterie, les patriciens s’empressèrent de faire don à la république d’une partie des richesses qu’ils possédaient, afin de la mettre en état de faire face à cette nouvelle dépense. « C’était, dit Tite-Live, un beau spectacle que cette file de chariots chargés de cuivre brut (œs grave) qui se dirigeaient vers le trésor public. » (Liv. IV, § 60.)

Pendant la seconde guerre punique, lorsqu’il fallut faire de nouvelles levées de troupes, équiper des flottes et faire tête à un ennemi formidable qui pressait Rome de toutes parts, les consuls proposèrent, comme il avait été déjà pratiqué plusieurs fois, d’obliger les citoyens, chacun selon ses facultés, à fournir la solde et les vivres pour trente jours à un certain nombre de rameurs. Cette proposition, dit Tite-Live, dès qu’elle fut connue du peuple, excita de violents murmures. « Nous sommes, disaient les mécontents, épuisés