Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/37

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son fermier, toute distinction entre le produit brut et le produit net des terres, les conventions entre le maître et l’ouvrier, le contrat et les statuts d’apprentissage, les recherches sur le taux moyen des salaires et du profit des capitaux, et sur les causes qui peuvent les élever ou les abaisser, l’influence de la cherté ou du bas prix des subsistances sur le prix ou l’abondance des produits manufacturés, le change, ses variations et arbitrages, les principes de l’impôt et de sa répartition sur les différentes sources de revenu, la dette publique, les rentes, annuités et autres effets qui la représentent, les fonds à faire pour son service et son amortissement, les combinaisons et les ressources du crédit, et généralement tous les éléments dont se compose notre science de l’économie politique pour ce qui concerne l’accroissement de la richesse nationale et sa distribution entre les différentes classes de la société, étaient des choses totalement ignorées des philosophes anciens, non pas pour avoir échappé à leur sagacité, mais bien par une suite nécessaire de la constitution politique, et parce que les faits qui sont la matière des observations d’une telle science ne pouvaient pas se présenter à leur esprit.

La monnaie était à peu près la seule institution qui leur fût commune avec les modernes, et elle fut établie chez eux sur un système infiniment plus simple et plus raisonnable que chez nous, et la manière dont leurs philosophes ont parlé de la nature et des propriétés de cet instrument des échanges, suffit pour prouver que si les études et les méditations de ceux-ci eussent pu se diriger vers les objets qui ont occupé nos écrivains en économie politique, nous n’aurions pas, sur ce point, plus de titres à la supériorité que sur tout autre. Quel auteur moderne a donné de la monnaie une définition plus juste que celle contenue dans cette phrase d’Aristote : « C’est une marchandise intermédiaire destinée à faciliter l’échange entre deux autres marchandises ? » Les avantages d’un commerce extérieur qui se solde avec l’argent pouvaient-ils être mieux compris et mieux rendus que dans ce passage de Xénophon dans son Traité sur les finances d’Athènes ? « Dans la plupart des autres villes, dit-il, un marchand est obligé de prendre des marchandises en retour de celles qu’il y apporte, parce que la monnaie dont on y fait usage n’a pas grand crédit au dehors. Chez nous, au contraire, le commerçant étranger a l’avantage de trouver une multitude d’objets qui sont partout en demande, et, de plus, s’il ne veut pas encom-