Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/383

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de la terre ne passe pas pour avoir une supériorité d’avantages sur la culture du blé ou l’engrais du bétail, qui sont les deux principaux objets de l’agriculture ; donc cette nature d’emploi ne peut pas même avoir encore l’égalité d’avantages dans la majeure partie de l’Écosse.

Il est évident que les terres d’un pays ne peuvent jamais parvenir à un état d’amélioration et de culture complète, avant que le prix de chaque produit que l’industrie humaine se propose d’y faire croître ne soit d’abord monté assez haut pour payer la dépense d’une amélioration et d’une culture complètes. Pour que les choses en soient là, il faut que le prix de chaque produit particulier suffise à payer d’abord la rente d’une bonne terre à blé, qui est celle qui règle la rente de la plupart des autres terres cultivées, et à payer en second lieu le travail et la dépense du fermier, aussi bien qu’ils se payent communément sur une bonne terre à blé, ou bien, en autres termes, à lui rendre, avec les profits ordinaires, le capital qu’il y emploie. Cette hausse dans le prix de chaque produit particulier doit évidemment précéder l’amélioration et la culture de la terre destinée à faire naître ce produit. Le gain est le but qu’on se propose dans toute amélioration, et rien de ce qui entraîne à sa suite une perte nécessaire ne peut s’appeler amélioration. Or, préparer et cultiver la terre dans la vue d’y faire naître un produit dont le prix ne rapporterait jamais la dépense, est une chose qui entraîne avec soi une perte nécessaire. Ainsi, si l’amélioration et la culture complète d’un pays est le plus grand de tous les avantages publics, comme on n’en peut faire aucun doute, cette hausse dans le prix de toutes ces différentes sortes de produit brut, bien loin d’être regardée comme une calamité publique, doit être regardée comme l’avant-coureur et comme la suite nécessaire du plus grand de tous les avantages pour la société.

Ce n’est pas non plus par l’effet d’une dégradation dans la valeur de l’argent, mais c’est par l’effet d’une hausse dans leur prix réel, que le prix nominal ou en argent de toutes ces différentes sortes de produit brut a haussé. Elles en sont venues à valoir, non une plus grande somme d’argent, mais une plus grande quantité de travail et de subsistances qu’auparavant. Comme il en coûte une plus grande dose de travail et de subsistances pour les faire venir au marché, par cela même elles en représentent ou en valent une plus grande quantité quand elles y sont venues[1].

  1. Ce n’est pas parce qu’il en coûte davantage pour les porter au marché qu’on peut les vendre à plus haut prix ; c’est parce qu’une plus forte demande en élève le prix, indépendamment de ce qu’elles ont primitivement coûté. Buchanan.