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CHAPITRE II.

de l’argent, considéré comme une branche particulière du fonds général de la société, ou de la dépense qu’exige l’entretien du capital national.


On a fait voir, dans le premier livre[1], que le prix de la plupart des marchandises se résout en trois parties qui ont concouru à produire la marchandise et à la mettre au marché, et que l’une paye les Salaires du travail, l’autre les profits du capital, et la troisième la rente de la terre ; qu’il y a à la vérité quelques marchandises dont le prix se compose de deux de ces parties seulement, les salaires du travail et les profits du capital, et un très-petit nombre dans lesquelles il consiste entièrement en une seule, les salaires du travail ; mais que le prix de toute marchandise quelconque se résout nécessairement en l’une ou l’autre de ces parties, ou en toutes trois, puisque la portion de prix qui ne va ni à la rente ni aux salaires, va de toute nécessité au profit de quelqu’un.

On a observé que puisqu’il en était ainsi pour toute marchandise quelconque prise séparément, il fallait nécessairement qu’il en fût de même pour les marchandises qui composent la totalité du produit de la terre et du travail d’un pays, prises en masse. La somme totale du prix ou de la valeur échangeable de ce produit annuel doit se résoudre de même en ces trois parties et se distribuer entre les différents habitants du pays, ou comme salaires de leur travail, ou comme profits de leur capital, ou comme rentes de leur terre.

Mais quoique la valeur totale du produit annuel des terres et du travail d’un pays soit ainsi partagée entre les différents habitants et leur constitue un revenu, cependant, de même que dans le revenu d’un domaine particulier nous distinguons le revenu brut et le revenu net, nous pouvons aussi faire une pareille distinction à l’égard du revenu de tous les habitants d’un grand pays.

Le revenu brut d’un domaine particulier comprend généralement tout ce que débourse le fermier ; le revenu net est ce qui reste franc et quitte de toutes charges au propriétaire, après la déduction des frais de régie, des réparations et tous les autres prélèvements néces-

  1. Chapitre vi.