Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/440

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les autres avec la totalité de ces pensions en argent, à mesure que celles-ci sont payées les unes après les autres, doivent toujours être précisément de la même valeur que toutes ces pensions, comme l’est pareillement le revenu total des personnes à qui ces pensions sont payées. Par conséquent, ce revenu total ne peut consister dans ces pièces de métal dont le montant est si fort inférieur à sa valeur, mais il consiste dans la faculté d’acheter, dans les choses consommables qu’on peut acheter les unes après les autres avec ces pièces, à mesure qu’elles circulent de main en main[1].

Ainsi l’argent, cette grande roue de la circulation, ce grand instrument du commerce, tel que tous les autres instruments d’industrie, quoiqu’il compose une partie et une partie très-précieuse du capital de la société à laquelle il appartient, n’entre pour rien absolument dans son revenu ; et quoique ce soient les pièces de métal dont il est composé qui, dans le cours de leur circulation annuelle, distribuent tout juste à chacun la portion de revenu qui lui revient, elles ne font nullement elles-mêmes partie de ce revenu.

Troisièmement enfin, cette partie du capital circulant, qui consiste en argent, a encore une autre ressemblance avec les machines, instruments d’industrie, etc., qui composent le capital fixe ; c’est que si toute épargne dans les frais de fabrication et d’entretien de ces machines, qui ne diminue pas la puissance productive du travail, est une amélioration dans le revenu net de la société, toute épargne dans la formation et l’entretien de cette partie du capital circulant, qui consiste en argent, est une amélioration exactement du même genre.

Il est assez évident (et d’ailleurs on l’a déjà expliqué en partie) que toute épargne dans la dépense d’entretien du capital fixe est une amélioration du revenu net de la société. La totalité du capital de l’entrepreneur d’un ouvrage quelconque est nécessairement partagée entre son capital fixe et son capital circulant. Tant que son capital total reste

  1. Toute cette explication est pénible et imparfaite dans Smith, faute par lui d'avoir éclairci la théorie des valeurs. S’il avait dit que le revenu c’est la valeur de ce quoi reçoit en échange des frais de production qu’on fait, il n’aurait pas été obligé de distinguer le revenu net du revenu brut de la société, ce qui est faux. Le revenu de la société est toujours un revenu brut. Le revenu n’est jamais telle matière ou telle autre ; c’est une valeur produite, quelle que soit sa forme.
    Note inédite de J.-B. Say.