Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/444

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l’argent étant convertis en une matière qui fait le fondement de ce nouveau commerce.

S’ils l’emploient à acheter des marchandises étrangères pour la consommation intérieure, ou bien, en premier lieu, ils achèteront des marchandises de nature à être consommées par des gens oisifs qui ne produisent rien, telles que des vins étrangers, des soieries étrangères, etc., ou bien, en second lieu, ils achèteront un fonds additionnel de matières, d’outils et de vivres, destiné à entretenir et employer un nombre additionnel de ces gens industrieux qui reproduisent, avec un profit, la valeur de leur consommation annuelle.

Employé de la première de ces deux manières, cet argent sert à développer la prodigalité ; il augmente la dépense et la consommation sans rien ajouter à la production, ou sans établir un fonds permanent propre à entretenir cette dépense, et sous tous les rapports il tourne au préjudice de la société[1].

Employé de la seconde manière, il agrandit d’autant les bornes de l’industrie ; et quoiqu’il augmente la consommation de la société, il ouvre une source permanente pour entretenir cette consommation, les gens qui consomment reproduisant avec un profit la valeur entière de leur consommation annuelle. Le revenu brut de la société, le produit annuel de ses terres et de son travail s’augmentent de toute la valeur que le travail de ces ouvriers ajoute aux matières sur lesquelles ils s’exercent, et son revenu net s’augmente de ce qui reste de cette valeur, déduction faite de ce qui est nécessaire à l’entretien des outils et instruments de leur industrie.

Il paraît non-seulement probable, mais presque infaillible, que la majeure partie de l’or et de l’argent, chassée au-dehors par les opérations des banques, et employée à l’achat de marchandises étrangères pour la consommation intérieure, est et doit être employée à en acheter de la seconde de ces deux espèces. Quoiqu’il y ait bien quelques particuliers capables d’augmenter considérablement leur dépense sans que leur revenu ait augmenté de la moindre chose, cependant nous pouvons être assurés qu’il n’y a pas de classe ou d’ordre de personnes qui soit d’humeur à se conduire ainsi, parce que les principes de la prudence ordi-

  1. Mac Culloch conteste cette idée de Smith. Selon l’école anglaise, la nature de la consommation n’importe en rien à la société. Que l’on consomme l’équivalent d’une certaine valeur sous une forme ou sous une autre, cela est indifférent !