Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/455

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ment, cette libéralité du gouvernement ne l’a pas empêchée de faire beaucoup de dépense[1].

Par une suite d’un excès du même genre, les banques d’Écosse se virent toutes obligées d’entretenir constamment à Londres des agents occupés à leur chercher de l’argent qui leur coûtait rarement moins de 1 1/2 ou 2 pour 100. Cet argent était envoyé par la messagerie et assuré par ceux qui se chargeaient du transport, ce qui faisait encore un surcroît de dépense de 3/4 pour 100 ou de 15 schellings par 100 liv. Ces agents ne pouvaient pas toujours suffire à remplir la caisse de leurs commettants aussi promptement qu’elle se vidait. Dans ces cas, les banques n’avaient d’autre ressource que de tirer, sur leurs correspondants à Londres, des lettres de change jusqu’à concurrence de la somme dont elles avaient besoin. Lorsque ensuite ces correspondants tiraient sur la banque pour le payement de cette somme, avec l’intérêt et le droit de commission, quelques-unes de ces banques, dans l’embarras où les avait jetées leur émission excessive, n’avaient pas d’autre moyen de faire honneur à cette traite que de tirer elles-mêmes de secondes lettres de change, ou sur le même, ou sur quelque autre correspondant de Londres, et il se trouvait ainsi que la même somme, ou plutôt des lettres de change pour cette même somme, faisaient quelquefois plus de deux ou trois voyages, la banque débitrice payant toujours l’intérêt de la commission sur toute la somme accumulée. Celles mêmes des banques d’Écosse qui ne se sont pas fait remarquer par une extrême imprudence, ont quelquefois été obligées d’avoir recours à cette ressource ruineuse.

  1. La grande dépense à laquelle la Banque fut réduite à cette époque ne fut pas occasionnée, comme paraît le croire Smith, par des émissions imprudentes de billets, mais par le trouble existant dans les bases de la circulation et par le haut prix du lingot qui en était la conséquence. La Banque n’ayant d’autre moyen de se procurer des guinées que l’envoi de lingots à la Monnaie pour les faire frapper, était constamment forcée de battre monnaie pour rembourser ses billets ; et comme les espèces anciennes manquaient généralement de poids, et que le prix du lingot était élevé en proportion, il devint profitable de tirer de la Banque de lourdes guinées neuves en échange de son papier, et de les échanger avec bénéfice contre des billets qui revenaient se convertir en guinées sans cesse revendues au détriment de la Banque. Cet inconvénient a toujours lieu lorsque la monnaie existante est usée par le frai, et qu’il y a profit à échanger le papier contre des espèces nouvellement frappées. Buchanan.