Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/497

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même somme nominale en espèces courantes du pays. Cependant, je ferai voir par la suite[1] que cette explication sur la banque d’Amsterdam est en grande partie imaginaire.

Un papier circulant, qui tombe au-dessous de la valeur de la monnaie d’or et d’argent, ne fait pas baisser par là la valeur de l’or et de l’argent, et il ne fait pas que des quantités pareilles de ces métaux viennent pour cela à s’échanger contre une moindre quantité de toute autre marchandise. La proportion entre la valeur de l’or et de l’argent et celle des marchandises de toute autre espèce ne dépend nullement de la nature ou de la quantité de quelque papier-monnaie que ce soit qui circule dans un pays, mais elle dépend toujours de l’état de richesse ou de pauvreté des mines qui se trouvent, à une époque quelconque, approvisionner de ces métaux le grand marché du monde commerçant. Elle dépend de la proportion qui se trouve entre la quantité de travail nécessaire pour faire venir au marché une certaine quantité de ces métaux, et celle qui est nécessaire pour y faire venir une certaine quantité de toute autre espèce de marchandise[2].

En empêchant les banquiers d’émettre aucun billet de banque circulant ou billet au porteur au-dessous d’une certaine somme, et en les assujettissant à l’obligation d’acquitter ces billets immédiatement et sans aucune espèce de condition, à l’instant de la présentation, on peut après cela, sans craindre de compromettre la sûreté générale, laisser à leur commerce, à tous autres égards, la plus grande liberté

  1. Voyez la digression sur cette banque, livre IV, chap. iii.
  2. Smith ne se tromperait-il point ici ? La valeur d’une marchandise est en raison composée de ce qu’il en coûte pour l’amener au marché, et de la proportion entre cette quantité de marchandise et la demande qui en est faite dans le même marché. Si on émet des billets de banque qui rendent inutiles, comme monnaie, les 2/3 de l’argent qui circule, ces 2/3 se répandront dans tous les marchés et augmenteront la proportion de cette marchandise, comparée avec la demande qui en est faite. Rien dans cette opération ne doit augmenter la demande en même temps que la fourniture. Celle-ci étant plus grande, et la demande étant la même, la valeur de l’argent doit baisser jusqu’à ce que la baisse élève la demande au niveau de la fourniture.
    Il est vrai que le marché pour l’or et l’argent étant par tout le monde, ce qu’un pays peut jeter de ces métaux dans un si grand marché doit déranger bien peu la proportion. Note inédite de J.-B. Say.