Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/537

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Il est à remarquer que partout le prix courant des terres dépend du taux courant de l’intérêt. Celui qui a un capital dont il désire retirer un revenu sans prendre la peine de l’employer lui-même, délibère s’il en achètera une terre, ou s’il le prêtera à intérêt. La sûreté la plus grande du placement, et puis quelques autres avantages qui accompa­gnent presque partout cette espèce de propriété, le disposeront naturellement à se contenter d’un revenu moindre, en terre, que celui qu’il pourrait se procurer en prêtant son argent à intérêt. Ces avantages suffisent pour compenser une certaine différence dans le revenu, et si la rente de la terre tombait au-dessous de l’intérêt de l’argent plus bas que cette différence, personne ne voudrait acheter des terres ; ce qui réduirait bien­tôt leur prix courant. Au contraire, si les avantages faisaient beaucoup plus que compenser la différence, tout le monde voudrait acheter des terres ; ce qui en relè­verait encore bientôt le prix courant. Quand l’intérêt était à 10 pour 100, les terres se vendaient communément pour le montant de dix à douze années de leur revenu, c’est-à-dire du denier dix au denier douze. À mesure que l’intérêt vint à baisser à 6,5 et 4 pour 100, le prix des terres s’éleva au denier vingt, vingt-cinq et trente. Le taux courant de l’intérêt est plus haut en France qu’en Angleterre, et le prix commun des terres y est plus bas. Elles se vendent communément en Angleterre au denier trente, et en France au denier vingt.