Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/59

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et industrieuse de la société, qui l’excite à un redoublement d’efforts, pour n’être pas obligée de renoncer à des jouissances que l’habitude lui a rendues presque nécessaires, et qui, en conséquence, donne un plus grand développement aux facultés productives du travail et aux ressources de l’industrie ? Ne doit-il pas en résulter qu’après l’impôt, il y a la même somme de travail et d’industrie qu’auparavant, pour fournir aux besoins et aux jouissances habituelles des hommes qui composent la classe laborieuse, plus la somme de travail et d’industrie qui a dû pourvoir au surcroît de prix destiné à l’impôt ? Or, cet impôt, ou ce surcroît de produit qui se paye, étant dépensé par le gouvernement qui le recueille, sert à alimenter une nouvelle classe de consommateurs qui forment des demandes que l’impôt les met à portée de payer.

Si ces conjectures étaient fondées, il s’ensuivrait que, bien loin d’avoir une influence nuisible sur la richesse et la population du pays, l’impôt de consommation sagement combiné tendrait à accroître et à fortifier ces deux grands fondements de la prospérité et de la puissance nationale. Il y tendrait précisément par la raison qu’il porte immédiatement sur la généralité du peuple, et qu’il agit sur la classe ouvrière et industrieuse qui est la plus active du corps social, tandis que l’impôt direct ou foncier n’agit que sur la classe oisive des propriétaires.

Ces observations semblent donner l’explication du phénomène le plus surprenant de l’économie politique, savoir, l’accroissement rapide et prodigieux de la richesse chez les nations les plus chargées d’impôts sur les articles de la consommation générale. Elles mériteraient peut-être d’être développées avec plus d’étendue que n’en comportent les bornes d’une préface ; mais on en a dit assez pour faire pressentir que ce n’est pas en soumettant la théorie de l’impôt à un calcul rigoureux, et pour ainsi dire mathématique, que l’on peut apprécier ses véritables effets sur la prospérité publique.

Ainsi, de toutes les vérités qui ont été découvertes et publiées par les économistes, les unes sont d’une faible utilité dans la pratique ; les autres se trouvent contredites dans leur application par des circonstances accessoires que la théorie n’avait pas fait entrer dans ses calculs.

Ce qui établit la différence capitale entre la doctrine de Smith et celle des économistes, c’est le point duquel elles partent l’une et l’au-