s’envoyer sous cette forme dans les coins du monde les plus reculés. C’est de cette manière que se sont élevées naturellement et, pour ainsi dire, d’elles-mêmes les manufactures de Leeds, Halifax, Sheffield, Birmingham et Wolverhampton. Ces sortes de manufactures doivent leur naissance à l’agriculture ; leur avancement et leur extension sont dans l’histoire de l’Europe moderne un événement postérieur aux progrès de celles qui ont dû leur naissance au commerce étranger. L’Angleterre était connue par ses fabriques de beaux draps de laine d’Espagne, plus d’un siècle avant que les manufactures qui fleurissent aujourd’hui dans les villes que je viens de nommer fussent en état de travailler pour les marchés éloignés. L’avancement et l’extension de ces dernières ne pouvaient avoir lieu qu’en conséquence de l’avancement et de l’extension de l’agriculture, qui eux-mêmes sont le dernier et le plus grand effet que puissent produire le commerce étranger et les manufactures auxquelles celui-ci donne immédiatement naissance, comme je vais l’expliquer tout à l’heure.
CHAPITRE IV.
L’accroissement et la richesse des villes commerçantes et manufacturières ont contribué de trois manières différentes à l’amélioration et à la culture des campagnes auxquelles elles appartenaient.
Premièrement, en fournissant un marché vaste et rapproché pour le produit brut du pays, elles ont encouragé sa culture et ont engagé à faire de nouvelles améliorations. Cet avantage ne se borna pas même aux campagnes où la ville était située, mais il s’étendit plus ou moins à tous les pays avec lesquels elle faisait quelque commerce. Elle ouvrait à tous un marché pour quelque partie de leur produit, soit brut, soit manufacturé et, par conséquent, encourageait à un certain point, chez tous, l’industrie et l’avancement. Cependant le pays même où la ville était située dut nécessairement, par rapport à sa proximité, retirer le plus d’avantages de ce marché. Son produit brut se trouvant le moins chargé de frais de transport, les marchands purent en donner aux producteurs un meilleur prix, et néanmoins le fournir aux consommateurs à aussi bon compte que celui des pays les plus éloignés.
Secondement, les richesses que gagnèrent les habitants des villes furent souvent employées à acheter des terres qui se trouvaient à ven-