Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prenant qu’à l’aide de telles autorités, ce système ait pu s’accréditer.

Cependant, pour apprécier cette opinion nouvelle et la réduire à sa juste valeur, il suffit de la rapprocher des principes établis par Adam Smith. Ce rapprochement nous fera bientôt reconnaître que l’erreur des chefs de la moderne école consiste à avoir appliqué aux produits agricoles le principe d’après lequel se règle la valeur des produits tirés des mines et carrières. Notre auteur démontre que la valeur du produit des mines et carrières est déterminée par les frais qu’a coûté l’exploitation de la mine ou de la carrière la moins fertile de toutes celles qui concourent à l’approvisionnement du même marché. Cette règle est fondée sur le principe que les mines et carrières ne donnent de rente au propriétaire du fonds qu’autant que la demande du produit en élève assez le prix pour qu’après le payement de tous les frais d’exploitation, extraction, préparation et transport, il reste encore un excédant de prix capable de fournir une rente ou revenu au propriétaire du fonds. Le travail de la nature, celui que recueille le propriétaire, n’est jamais payé qu’après qu’il a été entièrement satisfait au salaire du travail des hommes, parce que la nature est le seul ouvrier qui travaille sans salaire. Le dernier tonneau de charbon, le dernier cube de pierre qui vient au marché pour compléter la somme des demandes ou l’approvisionnement requis par la consommation, ne se rendrait pas à ce marché si tout le travail humain employé à extraire et à transporter ce tonneau ou ce bloc n’était pas entièrement payé. Or, la demande doit payer tout ce qu’il faut pour qu’elle soit complètement remplie.

Mais les mêmes circonstances ne se rencontrent pas à l’égard des produits agricoles, et particulièrement du blé, qui donne toujours un revenu au propriétaire du fonds sur lequel il a été recueilli, parce que, dans ces sortes de produits, il y a un travail de la nature qui ne manque jamais de trouver son prix, après que tout travail humain a été totalement satisfait. « Dans le travail de la terre, dit Smith, la nature travaille conjointement avec l’homme ; et quoique son travail ne coûte aucune dépense, ce qu’il produit n’en a pas moins sa valeur, aussi bien que ce que produisent les ouvriers les plus chèrement payés… C’est l’œuvre de la nature qui reste après qu’on a fait la déduction ou la balance de tout ce qu’on peut regarder comme l’œuvre de l’homme. »