Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/92

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pital et de la manière dont il s’accumule graduellement, ainsi que des différentes quantités de travail qu’il met en activité, selon les différentes manières dont il est employé.

Des nations qui ont porté assez loin l’habileté, la dextérité et l’intelligence dans l’application du travail, ont suivi des méthodes fort différentes dans la manière de le diriger ou de lui donner une impulsion générale, et ces méthodes n’ont pas toutes été également favorables à l’augmentation de la masse de ses produits. La politique de quelques nations a donné un encouragement extraordinaire à l’industrie des campagnes ; celle de quelques autres, à l’industrie des villes. Il n’en est presque aucune qui ait traité tous les genres d’industrie avec égalité et avec impartialité. Depuis la chute de l’empire romain, la politique de l’Europe a été plus favorable aux arts, aux manufactures et au commerce, qui sont l’industrie des villes, qu’à l’agriculture, qui est celle des campagnes[1]. Les circonstances qui semblent avoir introduit et établi cette politique sont exposées dans le troisième livre[2].

Quoique ces différentes méthodes aient peut-être dû leur première origine aux préjugés et à l’intérêt privé de quelques classes particulières, qui ne calculaient ni ne prévoyaient les conséquences qui pourraient en résulter pour le bien-être général de la société, cependant elles ont donné lieu à différentes théories d’économie politique, dont

  1. Nous ne doutons pas qu’une réaction s’opère bientôt en faveur de l’agriculture, à mesure que la production manufacturière se complique et s’encombre sous l’influence des machines et des prohibitions. On a trop longtemps délaissé cette source importante de la prospérité publique, que les physiocrates avaient trop exaltée ; une ère nouvelle s’ouvre pour elle dans le monde et nous croyons qu’elle sera très-brillante, dès que les capitaux, fatigués des mécomptes de l’industrie, prendront la route de l’agriculture, et surtout quand l’amélioration de notre régime hypothécaire assurera aux cultivateurs les ressources du crédit à des conditions aussi favorables que celles dont jouissent les autres classes de producteurs. A. B.
  2. La pensée du Dr. Smith sur la préférence accordée par les États modernes au commerce, au détriment de l’agriculture, paraît ne reposer que sur une interprétation erronée des faits. L’état des mœurs était, sans aucun doute, défavorable à l’agriculture, mais il n’y avait là aucune préférence méditée d’une industrie à l’autre, et il ne paraît pas non plus que l’ordre naturel des progrès ait été transformé par la politique de l’Europe. En fait, l’énoncé du Dr. Smith diffère de sa théorie, car il montre que dans quelques pays au moins, l’agriculture avait, par circonstance, devancé le commerce. Buchanan.