Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/112

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aux colonies de toute marchandise produite ou fabriquée en Europe ou aux Indes orientales, à l’exception des vins, des toiles de coton blanches et des mousselines.

Les drawbacks ont peut-être été accordés, dans le principe, pour encourager le commerce de transport, que l’on supposait plus particulièrement propre à faire entrer de l’or et de l’argent dans le pays, parce que les étrangers payent souvent en argent le fret des vaisseaux. Mais, quoique certainement le commerce de transport ne mérite pas plus d’encouragement qu’un autre, quoique peut-être le motif de l’institution fût extrêmement absurde, toutefois l’institution en elle-même paraît assez raisonnable. Ces restitutions ne peuvent avoir l’effet de jeter forcément dans ce genre de commerce une plus forte portion du capital de la société que celle qui s’y serait portée d’elle-même, s’il n’y eût pas eu de droits sur l’importation. Elles empêchent seulement que les droits n’en excluent totalement cette portion du capital. Si le commerce de transport ne mérite pas qu’on l’encourage par préférence, il ne doit pas non plus être découragé ; il faut le laisser libre comme tous les autres. Il offre une ressource nécessaire à ces capitaux qui ne peuvent plus trouver d’emploi soit dans l’agriculture ou les manufactures du pays, soit dans le commerce intérieur, soit enfin dans le commerce étranger de consommation.

Le revenu des douanes, au lieu d’en souffrir, trouve son avantage dans ces restitutions, au moyen de la retenue faite sur une partie du droit. Si l’on avait voulu retenir la totalité du droit, les marchandises étrangères sur lesquelles on le paye n’auraient guère été exportées, ni conséquemment importées faute de marché ; par conséquent, les droits dont on retient une partie n’auraient jamais été perçus.

Ces raisons paraissent suffisantes pour justifier les drawbacks, et elles les justifieraient encore quand même on restituerait toujours, lors de l’exportation, la totalité des droits, soit sur les produits d’industrie nationale, soit sur les marchandises étrangères. À la vérité, dans ce cas, le revenu de l’accise en souffrirait un peu, et celui des douanes bien davantage ; mais aussi un pareil règlement replacerait plus près de son juste niveau la balance naturelle entre les diverses branches d’industrie et la division et la distribution naturelles du travail, que de pareils droits troublent toujours plus ou moins.

Cependant, ces raisons ne justifient les drawbacks qu’autant qu’ils sont accordés sur les marchandises exportées à des pays tout à fait