Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être passer pour des primes de ce genre. On peut croire qu’elles tendent directement à rendre la marchandise moins chère sur le marché intérieur, qu’elle ne l’aurait été sans elles ; mais il faut convenir qu’à d’autres égards elles ont les mêmes effets que les primes à l’exportation ; elles font qu’une partie du capital du pays est employée à mettre au marché des marchandises dont le prix ne suffirait pas pour rendre ce qu’elles auraient coûté, plus les profits ordinaires des capitaux[1].

Mais si les primes par tonneau, accordées à ces pêches, ne contribuent pas à enrichir la nation, on pourrait penser peut-être qu’elles tendent à multiplier ses moyens de défense, en augmentant le nombre de ses vaisseaux et de ses matelots. On alléguera que ces sortes de primes atteignent ce but à beaucoup moins de frais que ne le ferait l’entretien, en temps de paix, d’une grande marine militaire toujours sur pied, si je puis me permettre cette expression, comme on fait à l’égard des troupes réglées de terre.

Néanmoins, malgré la faveur que méritent ces allégations, les considérations suivantes me disposent à croire qu’en accordant ces sortes de primes, il y en a une au moins sur laquelle la législature a été grandement induite en erreur.

Premièrement, la prime sur la pêche du hareng, faite par des buyses[2], paraît trop forte.

Depuis le commencement de la pêche de l’hiver de 1771 jusqu’à la fin de l’hiver de 1781, la prime sur la pêche du hareng, par buyses, s’est élevée à 30 sch. par tonneau ; pendant ces onze années, le nombre total des barils de harengs pêchés par les buyses écossaises faisant cette pêche a été à 378,347. Les harengs, tels qu’ils sont quand on les a pêchés et préparés[3] à la mer, se nomment bâtons de mer[4]. Pour en faire ce

  1. Le produit de la pêche de la baleine rapporte certainement les frais, ainsi que les revenus des capitaux engagés dans ce commerce ; et quand même il n’y aurait pas de prime, ce commerce n’en continuerait pas moins. Buchanan.
  2. Espèce de barque ou bâtiment ponté dont les Hollandais ont les premiers fait usage pour la pêche du hareng ; les buyses hollandaises sont du port de quarante-cinq à soixante tonneaux ; les écossaises, de vingt à vingt-huit.
  3. Cette première opération se fait dans le jour même de la pêche ; elle consiste à fendre le hareng, le vider de ses intestins, le laver dans l’eau fraîche, le saler et l’encaquer. Le baril ne contient alors que six à sept cents harengs ; le baril marchand en contient environ un millier.
  4. Sea-sticks