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naie est reçue au compte et non au poids, un droit de seigneuriage est le préservatif le plus efficace pour empêcher que la monnaie ne soit fondue et, par la même raison, qu’elle ne soit exportée. Ce sont ordinairement les pièces les meilleures et les plus pesantes qui sont fondues ou exportées, parce que c’est sur celles-là qu’il y a plus de profit à faire.

La loi pour l’encouragement de la fabrication des monnaies, c’est-à-dire celle qui a affranchi de tous droits cette fabrication, fut d’abord portée sous le règne de Charles II, pour un temps limité, et ensuite, par différentes prorogations, elle fut continuée jusqu’en 1769, époque à laquelle elle fut rendue perpétuelle. La banque d’Angleterre est souvent obligée, pour remplir ses coffres, de porter des lingots à la Monnaie, et vraisemblablement elle s’est imaginé qu’il était plus avantageux pour elle que la fabrication se fit aux frais du gouvernement qu’aux siens. Il est probable que c’est par complaisance pour cette grande compagnie que le gouvernement a consenti à rendre cette loi perpétuelle. Cependant si la coutume de peser l’or venait à se perdre, comme il est à croire qu’elle se perdra à cause de son incommodité ; si la monnaie d’Angleterre venait à être reçue au compte, comme elle l’était avant la dernière refonte de la monnaie, cette grande compagnie pourrait peut-être trouver que, dans cette occasion, comme en beaucoup d’autres, elle ne s’est pas peu trompée sur ses vrais intérêts.

Avant la dernière refonte, quand la monnaie d’or courante d’Angleterre était de 2 pour 100 au-dessous de son poids légal, comme il n’y avait pas de seigneuriage, elle était de 2 pour 100 au-dessous de la valeur de la quantité de métal au titre qu’elle aurait dû contenir. Ainsi, quand cette grande compagnie achetait du lingot d’or pour le faire monnayer, elle était obligée de le payer 2 pour 100 de plus qu’il ne valait après le monnayage. Mais s’il y avait eu un droit de seigneuriage de 2 pour 100 sur la fabrication, alors la monnaie d’or courante, quoique de 2 pour 100 au-dessous de son poids légal, aurait néanmoins été d’une égale valeur à la quantité de métal au titre qu’elle eût dû contenir ; la valeur de la façon compensant, dans ce cas, la diminution du poids. À la vérité, la banque aurait eu à payer le droit de seigneuriage, lequel étant de 2 pour 100, la perte de la compagnie, sur la totalité de l’opération, aurait été de 2 pour 100, précisément la même qu’elle a été dans le fait, mais elle n’aurait pas été plus grande.

Si le seigneuriage eût été de 5 pour 100, et la monnaie d’or courante