Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/281

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rables à l’avancement des nouvelles colonies, et ils ont été probablement la cause principale du peu de progrès qu’elles ont fait dans les Indes orientales. Les Portugais ont soutenu leur commerce avec l’Afrique et les Indes orientales, sans aucune compagnie exclusive ; aussi, quoique leurs établissements du Congo, d’Angola et de Benguela sur la côte d’Afrique, et de Goa dans les Indes orientales, soient extrêmement opprimés sous le poids de la superstition et de tous les genres de mauvais gouvernement, cependant ils ont encore quelque ombre de ressemblance avec les colonies de l’Amérique, et sont habités en partie par des Portugais qui y sont établis depuis plusieurs générations. Les établissements hollandais au cap de Bonne-Espérance et à Batavia sont à présent les colonies les plus considérables fondées par les Européens soit en Afrique, soit aux Indes orientales, et ces établissements se trouvent situés l’un et l’autre d’une manière singulièrement heureuse. Le cap de Bonne-Espérance était habité par une sorte de peuple presque aussi barbare et tout aussi peu capable de se défendre que les naturels de l’Amérique. Ce cap est d’ailleurs, pour ainsi dire, un lieu de repos qui coupe en deux moitiés la route de l’Europe aux Indes orientales, et auquel presque tout vaisseau européen fait quelque relâche, tant en allant qu’en revenant. L’approvisionnement de ces vaisseaux en denrées fraîches de toute espèce, en fruits et quelquefois en vin, ouvre seul à l’excédent de produit des colons un marché très-étendu. Batavia occupe entre les principaux établissements des Indes orientales la même position que le cap de Bonne-Espérance entre l’Europe et tout point quelconque des Indes ; il est situé sur la route la plus fréquentée de l’Indostan à la Chine et au japon, et à peu près à moitié chemin de cette route. Presque tous les vaisseaux qui naviguent entre l’Europe et la Chine relâchent aussi à Batavia ; il est par-dessus tout cela le centre et le rendez-vous principal de ce qu’on nomme le commerce du pays même des Indes, non-seulement de cette partie de ce commerce que font les Européens, mais de celle que font les naturels de l’Inde, et l’on voit fréquemment dans son port des vaisseaux montés par des marchands de la Chine et du japon, par des habitants de Tonquin, de Malacca, de la Cochinchine et de l’île des Célèbes. Des situations aussi avantageuses ont mis ces deux colonies en état de surmonter tous les obstacles que le génie oppressif d’une compagnie exclusive leur a dû souvent faire rencontrer dans le cours de leur avancement. Cette situation a mis Batavia à même de surmonter en outre le