Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/333

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de la plus haute pros­périté ; dans un état de choses où le produit annuel est tel qu’il rend le plus grand produit net possible, et où chaque classe jouit de la part qui lui doit revenir dans la masse du produit annuel. Des formules subséquentes représentent la manière dont il suppose que cette distribution se fait sous différents régimes de règlements et d’entra­ves dans lesquels, ou la classe des propriétaires, ou la classe stérile et non productive est plus favorisée que la classe des cultivateurs, et dans lesquels l’une ou l’autre usurpe plus ou moins sur la part qui devrait justement revenir à cette classe produc­tive. Toute usurpation de ce genre, toute violation de cette distribution naturelle qu’établirait la plus parfaite liberté, doit infailliblement, selon ce système, diminuer plus ou moins, d’une année à l’autre, la valeur et la somme totale du produit annuel, et doit nécessairement occasionner un dépérissement graduel de la richesse et du revenu réel de la société, dépérissement dont les progrès seront plus rapides ou plus lents, selon les degrés de cette usurpation, selon que l’on aura plus ou moins violé cette distribution naturelle que la plus parfaite liberté ne manquerait pas d’établir. Ces formules subséquentes représentent les différents degrés de décadence, qui, suivant ce système, correspondent aux différents degrés dans lesquels aura été violée cette distribution naturelle des choses[1]. Quelques médecins spéculatifs se sont imaginé, à ce qu’il semble, que la santé du corps humain ne pouvait se maintenir que par un certain régime précis de diète et d’exercice dont on ne pouvait s’écarter le moins du monde, sans occasionner nécessairement un degré quelconque de maladie ou de dérangement proportionné au degré de cette erreur de régime. Cependant, l’expérience semble bien démontrer

  1. Les tables économiques de M. Quesnay sont un essai malheureux de vouloir appliquer aux théories de l’économie la méthode employée dans les mathématiques. Ces deux sciences sont parfaitement distinctes : l’une est une science morale, l’autre traite des rapports des quantités fixes et déterminées. Les proportions suivant lesquelles, d’après M. Quesnay, les produits du sol se distribuent dans les différentes classes de la population, sont tout à fait conjecturales. Il n’a même pas essayé d’établir les bases de cette division tout imaginaire ; et quelle valeur peut-on attacher à des conclusions tirées de faits aussi arbitrairement posés ? Un raisonnement peu exact manquera toujours d’intérêt ; et quelque justes que les conclusions de M. Quesnay, tendant à la liberté du commerce, puissent être, leur valeur sera toujours affaiblie par la considération qu’elles ne sont pas basées sur des fondements solides. Buchanan.