Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/420

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Orientales, en s’opposant à cette proposition, représenta, dans les termes les plus forts, quels avaient été jusqu’alors, suivant elle, les fâcheux effets de la concurrence ; cette concurrence, disait-elle, avait fait monter si haut le prix des marchandises dans l’Inde, qu’elles ne valaient pas la peine qu’on les y achetât, et en surchargeant le marché en Angleterre, elle y avait tellement fait baisser leur prix, qu’il n’y avait pas le moindre profit à faire. Que cette concurrence, en rendant l’approvisionnement beaucoup plus abondant, ait extrêmement réduit le prix des marchandises de l’Inde sur le marché d’Angleterre, au grand avantage et à la grande commodité du public, c’est ce dont il n’est guère possible de douter ; mais qu’il ait beaucoup fait monter leur prix sur le marché de l’Inde, c’est ce qui n’est guère vraisemblable, attendu que toutes les demandes extraordinaires que cette concurrence a pu occasionner ne doivent avoir été qu’une goutte d’eau dans l’immense océan du commerce des Indes. D’ailleurs, si l’augmentation de la demande fait quelquefois, dans les commencements, monter le prix des marchandises, elle ne manque jamais de l’abaisser à la longue. Cette augmentation encourage la production et augmente par là la concurrence des producteurs, qui, pour se supplanter les uns les autres, ont recours à de nouvelles divisions de travail et à de nouveaux moyens de perfectionner l’industrie, auxquels ils n’auraient jamais pensé sans cela. Ces fâcheux effets dont se plaignait la compagnie, c’était le bon marché de la consommation et l’encouragement donné à la production, qui sont précisément les deux effets que se propose l’économie politique. En outre, on n’a pas laissé durer longtemps cette concurrence dont la compagnie faisait un portrait si lamentable. En 1702, les deux compagnies furent à un certain point réunies dans une société triple, dont la reine fut la troisième tête, et en 1708 elles furent parfaitement consolidées, par acte du parlement, en une compagnie subsistant actuellement sous le nom de compagnie des marchands unis pour le commerce aux Indes Orientales. On crut à propos d’insérer une clause dans cet acte, pour permettre à ceux qui faisaient le commerce séparément de le continuer jusqu’à la Saint-Michel 1711 ; mais la même clause autorisa les directeurs à racheter, après un avertissement de trois années, leur petit capital de 7,200 livres, et par là à convertir tout le capital de la compagnie en une mise commune de fonds. Par le même acte, le capital de la compagnie, en conséquence d’un nouveau prêt au gouvernement, fut porté, de 2 millions,