Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/464

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tout en servant l’intérêt général de la société, ils sont en même temps utiles et agréables à quelques particuliers ; et dans ce cas, la règle que doit se faire constamment le magistrat (excepté peut-être quand il s’agit d’introduire pour la première fois dans la société quelque art ou profession nouvelle), c’est de laisser la profession à elle-même, et de s’en reposer pour son encouragement sur les particuliers qui en recueillent l’agrément ou l’utilité. Les artisans, en voyant leurs profits grossir à mesure qu’ils contentent leurs pratiques, redoublent, autant qu’il est possible, de zèle et d’industrie ; et lorsque le cours naturel des choses n’est pas troublé par des mesures inconsidérées, on peut être assuré que la marchandise se trouvera, dans tous les temps, à très-peu de chose près, de niveau avec la demande.

Mais il y a aussi quelques métiers qui, quoique utiles et même nécessaires dans un État, ne rapportent cependant ni avantage ni agrément à aucun individu en particulier ; et le pouvoir souverain est obligé, à l’égard de ceux qui suivent ces sortes de professions, de s’écarter de sa règle générale de conduite. Il faut leur donner des encouragements publics, afin qu’ils trouvent les moyens de subsister ; et il faut encore s’occuper de prévenir la négligence à laquelle ils seront naturellement sujets à se laisser aller, et cela, soit en attachant des distinctions particulières à la profession, soit en établissant une subordination de rangs fort étendue et une stricte dépendance, soit enfin par quelque autre expédient. Les personnes employées dans les finances, dans la marine militaire et dans la magistrature, sont des exemples de cette classe de personnes.

On pourrait naturellement croire, au premier coup d’œil, que les ecclésiastiques appartiennent à la première classe, et que pour l’encouragement de cette profession, tout comme pour celle des jurisconsultes et des médecins, il faudrait s’en reposer, en toute sûreté, sur la libéralité de chaque particulier attaché à leur doctrine, et qui trouve de l’avantage ou de la consolation à user de leur ministère et de leur secours spirituel. Sans contredit, un surcroît d’encouragement de ce genre ne manquera pas d’aiguillonner leur activité et leur zèle ; sans contredit, leur habileté dans leur profession, aussi bien que leur adresse à gouverner l’esprit du peuple, ne feront qu’augmenter infailliblement, de jour en jour, par un redoublement continuel de leur part, de pratique, d’étude et d’attention.

Mais si nous examinons la chose plus attentivement, nous verrons