Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/547

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les maisons, comme à Westminster, où les capitaux et le commerce en sont affranchis. Il n’en est pas de même à Londres.

Dans tous les pays, on a évité avec grand soin toute recherche rigoureuse sur la situation des affaires privées des particuliers.

À Hambourg[1], chaque habitant est obligé de payer à l’État un quart pour 100 de tout ce qu’il possède ; et comme la richesse du peuple de Hambourg consiste principalement en capital, on peut considérer cet impôt comme un impôt sur les capitaux. Chacun se taxe soi-même, et met annuellement, en présence du magistrat, une certaine somme d’argent dans la caisse publique, en déclarant sur serment que cette somme est le quart pour 100 de tout ce qu’il possède, mais sans déclarer quel en est le montant, ou sans qu’on puisse lui faire aucune question sur cet article. Cet impôt passe pour être acquitté en général avec une grande fidélité. Dans une petite république, où le peuple a une confiance entière dans ses magistrats, où il est convaincu que l’impôt est nécessaire aux besoins de l’État et croit qu’il sera fidèlement appliqué à sa destination, on peut quelquefois s’en reposer, pour le payement de l’impôt, sur la bonne volonté et sur la bonne foi des contribuables. Cette pratique n’est pas particulière aux Hambourgeois.

Le canton d’Unterwald en Suisse est fréquemment ravagé par des orages et des inondations, et se trouve exposé par là à des dépenses extraordinaires. Dans ces occasions, le peuple s’assemble, et chacun déclare, dit-on, avec la plus grande sincérité, ce qu’il a de bien, afin d’être taxé en conséquence. À Zurich, la loi ordonne que, dans le cas de nécessité, chacun sera taxé à proportion de son revenu, dont il est obligé de déclarer le montant sous serment. Ils n’ont pas, à ce qu’on assure, la moindre défiance qu’aucun de leurs concitoyens ait l’intention de les tromper. À Bâle, le principal revenu de l’État provient d’un petit droit de douane sur les marchandises exportées. Tous les citoyens font serment de payer, à chaque trimestre, la totalité des impôts établis par la loi. On s’en rapporte à chaque marchand et même à chaque cabaretier, pour tenir lui-même un état des marchandises qu’il vend au-dedans et au-dehors du territoire. À la fin du trimestre, il envoie son état au trésorier, avec le montant de l’impôt calculé au bas. On n’a pas de soupçons que le revenu public souffre de cette confiance[2].

  1. Mémoires concernant les droits, etc, tome I, page 74.
  2. Ibid, tome I, pages 163, 166 et 171.