Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/602

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élevant le prix de sa drêche, que le font le brasseur et le débitant en augmentant le prix de la boisson, et qu’un impôt aussi lourd sur la drêche pourrait faire diminuer le revenu et le profit des terres cultivées en orge.

Un impôt ne peut jamais réduire pour un temps considérable le taux du profit dans un commerce ou métier particulier, celui-ci devant toujours garder son niveau avec les autres commerces et métiers du canton. Les droits actuels sur la drêche, la bière et l’ale n’ont pas d’effet sur les profits de ceux qui trafiquent sur ces sortes de denrées, lesquels se remboursent tous de l’impôt, avec un profit additionnel, par l’élévation du prix de leur marchandise. À la vérité, un impôt pourrait rendre la marchandise sur laquelle il est établi tellement chère, qu’il en diminuerait la consommation. Mais la consommation de la drêche se fait en boissons et liqueurs composées avec cette denrée, et un impôt de 18 schellings par quarter de drêche ne pourrait guère rendre ces boissons plus chères que les différentes taxes d’à présent, montant à 24 ou 25 sch., ne peuvent le faire. Ces boissons, au contraire, tomberaient probablement à meilleur marché, et il a lieu de supposer que la consommation en augmenterait plutôt que de diminuer.

Il n’est pas très-aisé de comprendre pourquoi le fabricant de drêche trouverait plus de difficulté à se rembourser de 18 sch. par une élévation dans le prix de sa drêche, que n’en trouve à présent le brasseur à se rembourser de 24 ou 25, quelquefois de 30 sch., par l’accroissement du prix de sa boisson. Le fabricant de drêche, à la vérité, au lieu d’un droit de 6 sch., serait obligé d’en avancer un de 18 sch., sur chaque quarter de drêche ; mais le brasseur est obligé à présent d’avancer un droit de 24 ou 25, quelquefois de 30 sch. sur chaque quarter de drêche qu’il brasse en boisson. Il n’y aurait pas pour le fabricant de drêche plus d’incommodité à faire l’avance d’un impôt plus faible, qu’il n’y en a aujourd’hui pour le brasseur à faire l’avance d’un plus fort. Le fabricant n’est pas absolument tenu de garder dans ses greniers une provision de drêche qui attende plus longtemps le débit, que ne l’attend la provision de bière et d’ale dans les celliers du brasseur. Ainsi, le premier peut souvent avoir la rentrée de ses fonds aussi promptement que l’autre. Mais quelque inconvénient qu’il pût y avoir pour le fabricant de drêche à être obligé de faire l’avance d’un impôt plus lourd, il serait aisé d’y remédier en lui accordant quelques mois de plus de crédit que ce qu’on en accorde aujourd’hui communément au brasseur.