Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/634

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ration future du revenu public, c’est un soin qu’ils laissent à la postérité.

Pendant le règne de la reine Anne, le taux de l’intérêt au cours de la place était tombé de 6 à 5 p. 100, et dans la douzième année de son règne on déclara 5 p. 100 l’intérêt le plus haut qu’il fût permis de prendre pour argent prêté entre particuliers. Bientôt après que la plus grande partie des impôts temporaires de la Grande-Bretagne eurent été rendus perpétuels et distribués dans les différents fonds, le fonds agrégé, le fonds de la mer du Sud et le fonds général, les créanciers de l’État, comme ceux des particuliers, furent amenés à accepter 5 p. 100 pour l’intérêt de leur argent ; ce qui procura une épargne de 1 p. 100 sur le capital de la plus grande partie des dettes qui avaient été ainsi fondées à perpétuité, ou d’un sixième de la plus grande partie des annuités qui se payaient sur les trois grands fonds ci-dessus. Cette épargne laissa, dans le produit des différents impôts qui avaient été réunis dans ces fonds, un excédant considérable au delà de ce qui était nécessaire pour payer les annuités dont ils se trouvaient alors chargés, et elle fut la base de ce qui a été appelé depuis le fonds d’amortissement. En 1717, cet excédent faisait un objet de 323,434 liv. 7 sch. 7 den. 1/2 ; en 1727, l’intérêt de la plus grande partie de la dette publique fut encore réduit et mis à 4 p. 100, et en 1753 et 1757, à 3 1/2 et 3 p. 100, toutes réductions qui grossirent encore le fonds d’amortissement.

Un fonds d’amortissement, quoique institué pour payer les dettes anciennes, facilite extrêmement les moyens d’en contracter de nouvelles. C’est un fonds subsidiaire qu’on a toujours sous la main prêt à être hypothéqué pour venir au secours de quelque autre fonds douteux, et sur lequel on se propose d’emprunter de l’argent dans une nécessité publique. On verra tout à l’heure si le fonds d’amortissement de la Grande-Bretagne a été plus souvent appliqué à l’une de ces deux destinations qu’à l’autre[1].

  1. Quoique Dufresne Saint-Léon ne soit pas au nombre des commentateurs d’Adam Smith, il a semblé qu’il pouvait y avoir quelque intérêt à rapprocher des considérations diverses que ce chapitre renferme sur la question de l’amortissement, les idées émises sur le même sujet par un écrivain d’un mérite incontestable :

    « Entre particuliers, le capital d’une dette, au moment où elle est contractée, est déterminé comme l’intérêt. L’emprunteur reçoit une somme fixe, et il pourra s’ac-