Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/638

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paraîtraient très-avantageuses aujourd’hui ; mais la souscription ne fut pas remplie. Dans le cours de l’année suivante, on bonifia le déficit en empruntant sur annuités viagères à 14 p. 100 ou à un peu plus du denier 7. En 1695, les personnes qui avaient acheté ces annuités furent autorisées à pouvoir les échanger contre d’autres annuités de quatre-vingt-seize années, en payant dans le trésor de l’Échiquier 63 p. 100, c’est-à-dire que la différence entre 14 p. 100 viagers et 14 p. 100 pendant quatre-vingt-seize ans, fut vendue pour 63 liv. ou bien au denier 4 1/2. Telle était pourtant l’opinion sur le peu de solidité du gouvernement, que de telles conditions même attirèrent fort peu d’acheteurs. Sous le règne de la reine Anne on emprunta

    la dot ni le revenu à un autre usage. Noli me tangere est sa devise. Base du crédit, sa base à elle-même, sa base indispensable, c’est le système représentatif et de comptabilité publique*. Cette caisse doit rendre annuellement un compte public de ses opérations et de leurs produits. C’est une action dans le gouvernement qui n’est pas et ne doit pas être du ressort du pouvoir exécutif ; c’est un ministère neutre, c’est la magistrature protectrice de la dette publique. Cette force des choses a voulu qu’en France aujourd’hui les surveillants de la caisse d’amortissement ne fussent pas des fonctionnaires publics choisis par le pouvoir exécutif comme tous les autres, mais seulement choisis par lui sur une liste faite par les deux Chambres, et qu’ensuite ils ne fussent pas révocables et fussent comptables à la nation même. Cette espèce de ministère reçoit de ce caractère exclusif d’indépendance absolue, et en même temps de ce qu’il n’est pas salarié, une dignité qui en fait le poste à la fois le plus moral et le plus honorable.

    Le système d’amortissement par la voie de rachat a-t-il d’autres avantages ? n’a-t-il pas aussi des inconvénients relativement à l’État et aux rapports d’une dette nationale avec l’économie publique ? Pour résoudre ces questions, il faut examiner ses effets dans deux situations opposées, la hausse et la baisse. Le prix des rentes publiques est avili, le crédit est en baisse ; c’est-à-dire, par exemple, que les rentes sont au cours de 30 pour 100, que 5,000 fr. de rente ne produisent à celui qui les vend qu’un capital de 50,000 fr., et vice versa, que l’acquéreur achète 5,000 fr. de rente moyennant 50,000 fr. Cet état de choses est funeste, d’abord à la chose publique, en ce qu’il élève l’intérêt de l’argent à 10 pour 100 et surfait ainsi à l’agriculture et à l’industrie les avances dont elles peuvent avoir besoin ; ensuite au gou-