Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/662

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provinces ; la représentation de chacune d’elles étant, avec le produit de ses impôts, dans la même proportion où serait la représentation de la Grande-Bretagne avec les impôts levés dans la Grande-Bretagne. Il est vrai que l’intérêt privé d’une foule de particuliers puissants, les préjugés enracinés auxquels tiennent les grands corps, paraissent opposer pour le moment, contre une telle innovation, des obstacles extrêmement difficiles, peut-être même tout à fait impossibles à surmonter. Néanmoins, sans prétendre déterminer jusqu’à quel point une telle union serait ou ne serait pas praticable, il n’est peut-être pas hors de propos, dans un ouvrage de pure théorie comme celui-ci, d’examiner à quel degré le système d’imposition de la Grande-Bretagne pourrait s’appliquer à toutes les différentes provinces de l’empire ; quel revenu on pourrait s’en promettre s’il y était appliqué, et de quelle manière il est à présumer qu’une union générale de cette espèce pourrait influer sur le bonheur et la prospérité des différentes provinces qui s’y trouveraient comprises. On pourra, au pis-aller, regarder une pareille spéculation comme une nouvelle utopie moins récréative, à coup sûr, que l’ancienne, mais non pas plus inutile ni plus chimérique[1].

La taxe foncière, les droits de timbre et les différents droits de douane et d’accise constituent les quatre branches principales des contributions de la Grande-Bretagne.

  1. Le plan proposé par Adam Smith consiste à faire payer aux autres pays la dette de la Grande-Bretagne ; il faut remarquer à ce propos que l’Amérique s’est révoltée contre sa métropole plutôt que de consentir à prendre sa part des impôts, de manière que le projet nous paraît complètement chimérique sous tous les rapports. Imposer à l’Irlande et à l’Amérique les impôts anglais eût été une inauguration peu convenable d’une union législative qui devait faire participer aux bénéfices plutôt qu’aux charges. Adam Smith pense que le commerce irlandais et américain, ne devant plus être soumis à des restrictions odieuses, cela aurait donné une compensation suffisante. Mais si ces restrictions étaient odieuses et oppressives, il fallait les supprimer sans autre exigence ; et en effet, pour l’Irlande, elles n’existaient plus. L’Irlande refusa de rester plus longtemps exclue du commerce du monde, au profit des monopoleurs anglais, et les restrictions imposées à son commerce cessèrent d’exister, sans qu’on exigent de nouvelles conditions. À l’époque de l’union de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, en 1799, chacun de ces deux pays garda son système de taxation. Avec le système d’impôts de l’Angleterre, l’union aurait été une perte plutôt qu’un avantage pour l’Irlande. Buchanan.