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blissement civil et militaire de l’Irlande, jointe à l’intérêt de sa dette publique, se monte, d’après un taux moyen pris sur deux années finies en mars 1775, à quelque chose de moins que 750,000 liv. par an[1]. Par un état très-exact du revenu public des principales colonies de l’Amérique et des Indes Occidentales, ce revenu, avant le commencement des troubles actuels, formait un total de 141,800 liv. Cependant, dans cet état, le revenu du Maryland, de la Caroline du Nord et de toutes nos dernières acquisitions, tant sur le continent que dans les îles, se trouve omis ; ce qui fait peut-être une différence de 30 ou 40,000 liv. Ainsi, pour faire un nombre rond, supposons que le revenu nécessaire pour soutenir le gouvernement civil de l’Irlande et des colonies se monte à 1 million ; il resterait, par conséquent, un revenu de 15,250,000 liv. à appliquer à l’acquit de la dépense générale de l’empire et au payement de la dette publique. Or, si l’on peut bien économiser, en temps de paix, sur le revenu actuel de la Grande-Bretagne, 1 million pour le remboursement de cette dette, on pourrait très-bien, sur ce revenu ainsi amélioré, économiser 6,250,000 liv. De plus, ce riche fonds d’amortissement pourrait s’augmenter chaque année par l’intérêt de la dette qui aurait été remboursée l’année précédente, et de cette manière il pourrait grossir assez rapidement pour pouvoir suffire à rembourser la totalité de la dette dans un petit nombre d’années, et à rétablir ainsi dans toute leur vigueur les forces affaiblies et languissantes de l’empire. En même temps, le peuple pourrait être soulagé de quelques-uns des impôts les plus onéreux, de ceux qui sont établis sur des objets de nécessité ou sur des matières premières de manufactures. L’ouvrier pauvre pourrait ainsi être mis à même de vivre avec plus d’aisance, de travailler pour un moindre salaire, et d’envoyer ses marchandises au marché à meilleur compte. Le bon marché de celles-ci en ferait augmenter la demande et, par conséquent, la demande de travail augmenterait pour ceux qui produisent les marchandises. Cette augmentation dans la demande de travail accroîtrait à la fois la population et améliorerait la condition de l’ouvrier pauvre. La consommation de celui-ci augmenterait, et avec elle le revenu provenant de tous ces articles de consommation du pauvre, sur lesquels on aurait laissé subsister les impôts.

  1. Ce revenu, avant l’union, excédait 2 millions et demi sterl. ; mais l’intérêt de la dette en emportait plus de la moitié.