Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/96

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français employé annuellement à ce commerce se distribuerait annuellement entre des Français seulement ; mais il n’y aurait de distribué annuellement entre des Anglais que cette seule partie du capital anglais qui aurait été employée à produire les marchandises anglaises avec lesquelles auraient été achetées les marchandises étrangères. La majeure partie de ce capital irait remplacer les capitaux qui auraient été employés en Virginie, à l’Indostan, dans la Chine, et qui auraient donné des revenus et des subsistances aux habitants de ces pays lointains. Ainsi, les capitaux étaient égaux ou à peu près égaux, cet emploi du capital français augmenterait beaucoup plus la masse des revenus du peuple français, que l’emploi du capital anglais n’augmenterait celle des revenus du peuple anglais. Dans ce cas, la France ferait avec l’Angleterre un commerce étranger de consommation direct, tandis que l’Angleterre ferait avec la France un commerce de même nature, mais par circuit. Or, nous avons déjà expliqué fort au long[1] la différence des effets d’un capital employé au commerce étranger de consommation direct, et d’un capital employé dans celui qui se fait indirectement et par circuit[2]

Vraisemblablement on ne trouverait pas d’exemple d’un commerce entre deux pays, consistant uniquement en échanges de marchandises nationales des deux parts, ou bien d’un commerce consistant uniquement en marchandises nationales d’une part, et en marchandises étrangères de l’autre. Presque tous les pays commercent entre eux, partie en marchandises nationales, partie en marchandises étrangères. Cependant, le pays dans les cargaisons duquel les marchandises nationales seront dans la plus forte proportion, et les marchandises étrangères dans la plus faible, sera toujours celui qui gagnera le plus. Si ce n’était pas avec du tabac ou des mar-

  1. Liv. II, chap. v.
  2. Mais, dans le cas supposé, la France aurait un plus grand capital employé à ce commerce ; car elle serait obligée d’employer un capital à la production des marchandises envoyées en Angleterre, tandis que la dernière n’aurait pas de capital employé à la production de celles qu’elle envoie en France, mais seulement à leur transport ; et sur cette portion de son capital elle ferait les mêmes profits que la France*. Mac Culloch.

    *. On a déjà vu que l’école de Mac Culloch n’admettait pas l’Idée de Smith, le plus ou moins d’avantage qu’offrent les différents emplois des capiteux ; cependant, en général, le maître a raison contre ses disciples. A. B.