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d’hommes qui ailleurs, négligeant cette division, embrasseroient ; chacun individuellement, le travail tout entier ?

On peut en assigner trois cause différentes, qui sont elles-mêmes autant d’effets de cette heureuse division.

D’abord l’augmentation de la dextérité dans chaque ouvrier, ensuite l’épargne du tems que l’on perd ordinairement en passant d’un ouvrage à un autre, enfin l’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent & abrègent le travail, & rendent un homme capable de l’ouvrage de plusieurs.

Premièrement l’augmentation de la dextérité, dans chaque ouvrier, augmente nécessairement la totalité de l’ouvrage qu’il peut faire ; car la division du travail, réduisant l’occupation de chaque homme à une simple opération, & faisant de cette opération la seule occupation de sa vie, doit nécessairement ajouter beaucoup à la dextérité de l’ouvrier.

Qu’un forgeron, accoutumé à manier le marteau, mais novice dans l’art de faire des clous, soit obligé d’en fabriquer, ce ne sera qu’avec une peine extrême qu’il en fournira deux ou trois cents en un jour ; encore