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CHAPITRE II

Du principe qui a produit la division du travail.

La division du travail, de laquelle sont nés tant d’avantages, ne fut point dans son origine l’effet de la sagesse de l’homme. Il ne prévit point l’opulence générale dont il jouit aujourd’hui, (car sa vue n’embrasse pas des projets d’une utilité aussi étendue) & ne la prévoyant pas, il ne put avoir l’intention de la faire naître.

Cette division est la conséquence nécessaire, il est vrai, mais lente & graduelle d’un certain penchant ordinaire à notre nature. La chose qui est en notre possession, nous aimons à l’échanger contre celle que nous n’avons pas. Que ce penchant soit dans l’homme un de ces principes primitifs qu’il nous est impossible d’expliquer, ou, ce qui semble plus probable, qu’il dérive nécessairement des facultés de la raison & de la parole ; il n’est pas de mon sujet d’en parler.

J’observe seulement que ce penchant est commun à tous les hommes, & étranger au