Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Roucher, 1792, I.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 28 )

s’attirer l’attention de son maître qui dîne. L’homme lui-même use quelquefois de ce moyen envers ses semblables ; & si, pour les faire agir conformément à ses projets, il faut des attentions serviles & flatteuses, servile & flatteur, il cherche à convertir l’indifférence & le refus d’autrui en bonne volonté.

Mais cette manière de réussir veut du tems, & l’on n’a pas toujours celui de s’y livrer ; dans une société civilisée, il faut à chaque instant pour une foule de besoins le concours d’une foule de personnes, tandis que la vie entière suffit à peine à faire quelques amis.

Ajoutons que chaque individu, dans presque toutes les classes animales, dès qu’il fort de l’enfance, entre en possession d’une indépendance entière, & qu’en restant dans son état naturel, il n’a besoin d’aucune créature vivante ; au lieu que l’homme vit presque toujours dans la dépendance du secours de ses semblables, secours qu’il espère en vain de leur bienfaisance. Il l’obtiendra plus sûrement, s’il peut intéresser leur amour-propre en sa faveur, & leur faire sentir qu’il est de leur avantage de répondre à ses désirs. Or n’use-t-il pas de ce moyen, l’homme qui fait l’offre d’un