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marché à un autre homme ? Ces mots : « Donnez-moi ce qui m’est nécessaire ; & ce qui vous est nécessaire, je vous le donnerai », ne disent rien que n’ait dit l’offre elle-même : l’offre & ces mots ont le même sens ; & c’est ainsi que nous obtenons en effet, les uns des autres, la plus grande partie des bons offices dont nous sentons le besoin. Ce n’est pas de la bienfaisance du boucher, du brasseur & du boulanger, que nous espérons notre dîner, mais de leur attachement à leurs propres intérêts : nous nous adressons, non pas à leur humanité, mais à leur amour pour eux-mêmes, & jamais nous ne leur parlons de nos besoins, mais toujours de leurs avantages. Il n’y a qu’un mendiant qui se soumette à dépendre de la bienfaifance de ses concitoyens, encore même n’en dépend-il pas en tout. Il est vrai qu’il trouve sa subsistance dans la charité ; mais cette vertu, en lui fournissant toutes les nécessités de la vie, ne lui suffit pas & ne peut entièrement lui suffire. Comme le reste des hommes, le mendiant pourvoit à la plus grande partie de ses nécessités par traités, par échanges & par achats. De l’argent qu’une main lui donne, il achète des