Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Roucher, 1792, I.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 41 )

étendue des mers intérieures connues dans le monde, qui n’a ni flux ni reflux, & dont les eaux ne sont agitées que par les vents ; cette mer, par sa surface unie ainsi que par la multitude de ses îles & la proximité de ses rivages opposés, favorisa l’enfance de la navigation, sur-tout dans ces siècles où l'homme, ignorant encore la boussole, craignoit de perdre la vue des côtes, & sur des vaisseaux imparfaits, construits sans art, n’osoit tenter la violence de l’océan. Le premier qui franchit les colonnes d’Hercule, c’est-à-dire, qui fit voile au-delà du détroit de Gibraltar, fut long-tems regardé dans l’ancien monde, comme le héros & la merveille de la navigation. Les Phéniciens eux-mêmes & les Carthaginois, les constructeurs les plus habiles & les navigateurs les plus hardis de l'antiquité, n’osèrent que bien tard affronter ce passage ; encore furent ils long-tems les seuls à l’affronter.

De toutes les nations situées sur les côtes de la Méditerranée, l’Egypte semble avoir la première cultivé & persectionné les travaux des champs & des manufactures. Là, dans toute la partie supérieure, la terre ne s’étend au-delà des rives du Nil que sur