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sujets, ont diminué par degrés la quantité réelle du métal, originairement contenue dans leurs monnoies. L’as romain, vers le dernier tems de la république, fut réduit à la vingt-quatrième partie de sa valeur originaire ; ensorte qu’au lieu de peser une livre, il ne pesoit plus qu’une demi-once. Aujourd’hui, la livre & le sou anglois, écossois, françois, ne contiennent guère, les uns que le tiers, les autres que le trente-sixième ; & les derniers, que le soixante-sixième de leur valeur originaire. C’est par de semblables réductions que les princes & les Etats souverains prétendirent, en apparence, acquitter leurs dettes & satisfaire à leurs engagemens. On les vit alors forcer de recevoir, pour des sommes considérables, des sommes inférieures ; c’est-à-dire, priver en effet le créancier de l’État d’une grande partie de sa créance. On vit encore les autres débiteurs, autorisés par le prince dans l’usage de ce privilège, ne rendre qu’en monnoie nouvelle & corrompue ce qu’ils avoient emprunté, sous les mêmes noms, en ancienne & pure monnoie. Et quelles furent les suites de ces opérations ? Favorables au débiteur, elles ruinèrent le créancier ; & la fortune des particuliers