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documents et notes sur le velay

son seigneur, de chevaucher à sa suite dans ses expéditions, de faire l’exercice et la manœuvre sous ses yeux, de monter la garde sur les créneaux de son manoir. C’est ce que le titre précité de 1213 exprime par ces termes de Chavalgadas, gaytas, excubias, manobras.

Les analogies, ou, pour mieux dire, les similitudes abondent entre le régime financier des Romains et celui de la monarchie française[1]. Les tributs publics, organisés par les empereurs, continuèrent à être perçus par les rois de la première et de la seconde race : ils se transformèrent, quant à leur perception, avec l’établissement de la féodalité et devinrent les produits les plus lucratifs des budgets seigneuriaux. Tous les efforts financiers de la monarchie centralisatrice et administrative tendirent à confisquer au profit de la couronne les recettes du baronage et à reconstituer un revenu public et national.

Si les ressorts financiers du moyen âge se calquent d’une manière à peu près uniforme sur les types fiscaux de l’empire romain, une différence notable sépare toutefois ces deux genres d’organisme gouvernemental. Chez les Romains, l’organisation de l’impôt procédait d’un plan réfléchi, d’une conception synthétique et rationnelle. C’était un système bien conçu dans son esprit, régulièrement coordonné dans sa pratique. Le régime financier, au contraire, du monde féodal, de la monarchie centralisatrice et des municipalités, se fabriqua de pièces et de morceaux, suivant des besoins passagers ou le hasard des circonstances. Ce régime naquit et progressa sans unité, sans vues d’ensemble : étroitement lié aux soubresauts d’un état social, mobile et variable, il suivit les oscillations de la politique,

  1. La ressemblance entre les deux régimes se complète par l’identité des agents de perception. Sous l’empire, il appartenait à chaque cité, à chaque corporation de lever elle-même ses impôts, et les percepteurs étaient de simples citoyens ou curiales, responsables de la quotité de contributions qui leur était dévolue. De même, aux xviie et xviiie siècles, les consuls de nos campagnes avaient pour unique mandat de recueillir les tailles de leurs mandements et d’en faire compte au receveur du Puy. (Voir, sur ce point, Tablettes, VI, 162 et 163. et dans le même recueil, la Description géographique et historique du Velay, tt. VI et VII).