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1240 ? Nous ne pouvons l’affirmer avec certitude, mais les témoins du drame, vivant encore en 1285, vinrent dire que l’affaire se passa, il y avait quarante ans et plus suivant les uns, il y avait environ quarante-cinq ans, affirmaient les autres, et l’un d’eux précisa davantage en fixant la date de quarante-quatre ans. On peut donc adopter l’année 1240, et l’on ne se trouvera guère en deçà ou au delà de la vérité.

Donc, vers l’année 1240, dame Agnès, sous le nom de son fils, administrait le manoir et les vastes domaines de la baronnie. Un homme et une femme de Chapteuil, victimes sans doute de quelque avanie trop forte de la part de dame Agnès ou de ses officiers, quittèrent furtivement leur demeure et vinrent se cacher au Puy. Le jeune Pons et sa mère firent leurs plaintes à l’évêque et exigèrent que les fugitifs leur fussent livrés, car, selon les règles du droit féodal, les serfs ou vassaux ne pouvaient quitter le fief dont ils relevaient sans l’aveu du seigneur. Bernard de Montaigu se raidit contre cette exigence et ne voulut point ravir au malheureux ménage l’asile qu’il avait trouvé dans nos murs. Pons de Chapteuil et sa nièce résolurent de se venger. Ils se rendirent au Puy avec leur suite : l’homme et la femme furent assassinés dans la rue des Grazes ; la foule put voir leurs cadavres étendus dans un lit et percés de coups devant les portes de la cathédrale. Il semble même que là ne se bornèrent point les représailles des maîtres de Chapteuil et que leurs gens commirent d’autres excès. Vivement ému de ces odieuses violences, l’évêque prépara de suite une répression énergique. Il réunit une troupe nombreuse et alla mettre le siège devant le château de Chapteuil. Parmi ceux qui prirent part à cette campagne se trouvaient un gentilhomme d’Auvergne, Drogon d’Aubusson, Guillaume, sire de Bonas, et son fils Bonassos de Lapte, Pons André, écuyer de l’évêque, Robert de Mauprat et Jean Guers, officiers aussi de l’évêque, Pons Auzile, Dalmace Albert, Guillaume Pictavini, Pierre Métima, ce dernier bourgeois du Puy. L’expédition se mit en marche un beau jour d’été, à l’entrée des moissons, dit plus tard un témoin