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documents et notes sur le velay

prit la main de Guillaume et lui dit : « Pour la confiance que j’ai en toi, je puis t’affirmer que jamais plus ils ne reverront cet écrit. Si les gens de l’église du Puy ont des amis, nous aussi nous avons des amis dans cette église. » En 1281 ou 1282, Pons de Chapteuil, se trouvant au château de Montvert, avoua au bailli de cette résidence, Pons Champclause, qu’il avait brûlé l’acte dont l’abbé de Saint-Pierre-Latour lui avait fait remise.

Ce qui est certain, c’est qu’avant de mourir entre 1282 et 1284, au mépris des conventions solennelles jurées dans le palais de Bernard de Montaigu et réitérées lors de la restitution du château, Pons de Chapteuil avait institué pour son héritier universel le neveu de sa femme : Pons de Goudet, chevalier, seigneur de Saint-Pierre-Eynac. La veuve de Pons de Chapteuil, Marquèze, rendit hommage à l’évêque au mois d’avril 1284[1], mais Pons de Goudet voulut faire valoir son testament et c’est alors que commença le procès dont la pièce la plus intéressante, l’enquête de 1285, est parvenue jusqu’à nous.

Frédol de Saint-Bonnet, que nous espérons faire bientôt connaître en entier à nos lecteurs, appartenait, non pas, comme on l’a souvent dit, à la famille de Saint-Bonnet en Forez, mais à une branche, dite de Saint-Bonnet ou de Roche-Savine, de l’illustre maison de Montboissier en Auvergne. C’est assez dire que ce prélat de haute qualite n’était, pas plus que Bernard de Montaigu, d’humeur à laisser dépérir en ses mains les prérogatives de son église et qu’il avait de qui tenir pour faire tête aux prétentions du neveu de Marquèze de Goudet. Frédol se trouvait encore à Oviédo en Espagne, dont il était évêque, le 10 août 1284, mais il n’était plus dans cette ville le 17 octobre suivant[2], et, d’autre part, nous venons de dire qu’en cette même année 1284 la veuve de Pons de Chapteuil avait rendu hommage

  1. Gallia christiana, Eccl. Aniciensis, Instrumenta, t. II, col. 237.
  2. España sagrada, Memorias de la santa iglesia exenta de Oviedo, t. XXXVIII, pp. 204 à 213.