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attaque d’un détachement de gardes-françaises

tain, d’aultant que les uns disent une chose et les aultres une aultre ; et ce quy est de plus constant dans tous ses bruits est que ledict cappitaine fut blessé en voulant loger audict lieu, eut son cheval tué sans scavoir par qui ni comment, sinon qu’il scait bien qu’il fust traicté et médicamenté à Craponne, au logis du sieur Picon, bailly dudict lieu, quy est tout ce qu’il a dict, et, lecture faicte, a dict sa depposition contenir vérité et a persisté et signé.

Benoist.


Du sixiesme jour desdicts mois et an, en ladite ville de la Chaise-Dieu, du matin, pris avec nous pour adjoinct Me Antoine Cheverlanges, lieutenant en l’élection de Brioude, pour nous interpreter le langage des tesmoings, après avoir de luy pris le serment. Antoine Cavard, fils à Benoist, natif de la presente ville, y demeurant, aagé de vingt deux ans ou environ, lequel, après serment par luy faict de dire verité, deppose qu’estant au service du sieur de la Revoulte, gentilhomme de la paroisse de Dore l’Église, un jour du mois de juin dernier, ainsy qu’il luy semble, n’en est de aultrement mémoratif, estant dans la maison de sondict maistre, il entendit sonner le tocsin dans le bourg de Dore, et lors fut commandé par ladicte demoiselle de la Revoulte, sa maistresse, d’aller audict bourg pour apprendre ce que c’estoit : ce qu’il fist. Et, y estant arrivé, auroit veu une quantité de peuple, hommes et femmes, au nombre de quatre ou cinq cens, estant dudict bourg de Dore ou paroisse, que couroient après les soldats, que a depuis ouy dire estre les soldats d’une compagnie des gardes de Sa Majesté, lesquels soldats s’enfuiant du costé d’un village appellé Réraguès, de ladicte paroisse de Dore, où ils furent attaqués par lesdicts poursuivants à coup de battons, arquebuses, picques, halebardes, fourches de fer, espées et aultres armes, et force jetteries de pierres après lesdicts soldats, lesquels se deffendirent et le cappitaine et officiers pendant une demye heure ou environ, entre cinq et six heures du soir ; mais lesdicts soldats, cappitaine et officiers furent contraincts de cedder à la force et multitude et s’enfuirent en abandonnant leurs bagages, ne vit blesser aucun desdicts soldats ou officiers, d’autant que y arriva sur le tard : Mais a ouy dire que le cappitaine y avoit été blessé et son cheval tué. Se souvenant qu’après que lesdicts soldats eurent pris la fuite, ils laisserent une mule ou mulet noir, ayant bas à la françoise, chargé de deux malles de cuir vellu, avec chacune aix et serrures et la forme d’un chapeau au dessus de la couverture ; laquelle mule ou

Tome II, 1881.
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