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mulet, au bruit que faisoient lesdicts paysans et soldats, s’espouvanta de telle sorte qu’elle jetta ses coffres par terre et à l’instant lesdicts paysans en grand nombre se jetterent sur lesdicts coffres et, à grands coups de pierres, s’esforçaient de les rompre ; ce qu’ils eussent faict, s’ils n’en eussent esté empesché par luy depposant, leur disant : « Tout beau, mes amys, ne rompez pas les coffres, car vous vous mettriez en peyne ». Ce qui occasionna lesdicts paysans de se porter de faire plus grands efforts, d’auttant qu’ils cognoissoient ledict depposant estre domestique dudict sieur de la Revoulte, gentilhomme de ladicte paroisse. Ne scait, ne dire les noms de ceux qui se mirent en debvoir de rompre les coffres, d’aultant que y avoit si grand nombre de personnes que aucune a peu distinguer, sinon que est mémoratif que le nommé Fraix cadet, du village de Loubaresse, et le grangier du nommé Titasson, consul dudict Dore, nommé Jean Faucon, demeurant à Peyrissange, de la mesme paroisse, y estoient present et voulurent rompre lesdicts coffres avec les aultres. Se souvient aussy que, lesdicts coffres ayant esté délaissés par lesdicts paysans pour le respos de sondict maistre, il pria lesdicts habitans de l’ayder à porter iceux dans le bourg de Dore pour les mettre en seureté en la maison du curé ; mais pas un desdicts habitans ne le voulut assister, de sorte qu’il fut contrainct de traisner lesdicts coffres jusques proche la maison et devant la porte de la mestairye du sieur de Reyrac dans le village de Reyraguès et pria la mestayère de vouloir ouvrir sa maison ou sa grange pour les retirer, ce que ne voulut faire de crainte de la grande émotion. Ce que donna subject à luy depposant de laisser lesdicts coffres en la garde de ladicte mestayère, luy desclarant qu’elle en seroit responsable, et en arriveroit faulte et est bien mémoratif que lesdicts coffres estoient bien pesants, ayant esté obligé de les traisner l’ung après l’aultre. Ce fait, il se retira en la maison de sondict maistre, ou sa maistresse l’attendoit, et, en se retirant, un nommé Chevans, habitant d’Arlanc, que a une mestairye dans ledict bourg de Dore, lequel s’estoit trouvé dans ledict combat et lequel luy depposant avoit veu une espée à la main qui emmenoit ladicte mule ou mulet et entendit beaucoup de voix qui criaient après ledict Chevans, disant : « Attendez, attendez, n’emmenez pas la mule » : ce qui fut cause que ledict Cherans ramena ladicte mule ou mulet que fut mise entre les mains dudict Titasson, consul, que elle fut menée dans sa maison par son fils. Ne scait ce que sont devenus lesdicts coffres, sinon que a ouy dire qu’ils avaient esté rompus le mesme jour et qu’on avoit pris tout ce qui estoit dedans ; et, le lendemain, passant devant la maison de la susdicte mestayère qui avoit un œil noir et poché et qui luy dict qu’elle estoit bien