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un procès au XVIIIe siècle à propos du saumon de la loire

une grande part, dans la nourriture des établissements religieux. M. de la Tour-Varan, bibliothécaire de la ville de Saint-Étienne, dans ses études historiques sur le Forez[1], consacre les lignes suivantes à ce grand procès qui dura plus de trente ans et dont le saumon de la Loire fut le point de départ :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Antoine d’Arlos de la Servette ayant acquis, le 17 mai 1719, la baronnie de Saint-Victor, fit la même année reconstruire l’écluse de ses moulins emportée par les glaces et y ajouta des montas ou avaloires[2] : il en avait le droit comme emphythéote des comtes du Forez et comme engagiste du roi qu’il représentait dans la possession de Saint-Victor.

Ce fut alors que les chartreux du Puy-en-Velay, établis à plus de vingt lieues au-dessus, s’imaginèrent que l’écluse du moulin d’Antoine d’Arlos les privait de la pêche du saumon, et résolurent de la faire détruire. Pour y parvenir, ils lui suscitèrent plusieurs adversaires puissants.

À peine l’instance était-elle liée en la sénéchaussée de Montbrison, qu’on la fit évoquer à la Table de Marbre à Paris. Dans ce laps de temps, Antoine d’Arlos mourut. Son fils, Pierre d’Arlos, reprit l’instance le 3 juin 1741. Ses adversaires ne demandaient plus la destruction de l’écluse, mais un équivalent qui était son abaissement et une ouverture assez grande pour que le poisson pût remonter le fleuve.

Les adversaires de M. d’Arlos étaient :

M. de Brissac, évêque de Condom, prieur de Saint-Rambert ;

M. le Franc de Pompignan, évêque du Puy ;

M. le vicomte de Polignac, gouverneur du Puy ;

Les États du Puy et du Velay ;

  1. Chronique des châteaux et des abbayes, t. I, page 309.
  2. Monta ou avaloire, digue établie sur une rivière pour prendre des saumons.