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qu’elle avait défendu à ses villages de soulager les traîtres de Mâcon, et que, si l’on entreprenait quelque chose contre eux, elle saurait bien s’en venger. Le gouverneur fut tellement piqué qu’il fit enregistrer cette lettre, afin de justifier du peu d’affection que cette dame avait pour l’Union. » Le seigneur de Rochebaron donnait refuge dans son château à tous ceux qui se disaient partisans du roi de Navarre. Il permettait à sa garnison de faire des prisonniers de toutes sortes, quoiqu’ils ne fussent point gens de guerre et surtout s’ils étaient de Mâcon. — Le 19 janvier 1590, la compagnie de M. de Varennes étant allée la nuit précédente pour forcer le château, elle revint emmenant deux soldats qui furent reconnus pour être de ceux qui avaient fait prisonnier un habitant de cette ville et lui avaient fait payer 200 écus de rançon. On les mit en prison.

Mme de Rochebaron entretenait des intelligences avec l’élu de Laporte et autres notables de Mâcon pour se faire livrer la ville par l’entremise d’un des capitaines nommé Scipion, maréchal de profession. Celui-ci avait feint d’ouvrir l’oreille à ces propositions. Il eut même avec cette châtelaine une longue conférence à ce sujet sur le pont-levis du château. Mais il arriva qu’au jour un paysan de Prissé, du nom de Dubief, qui était chargé de porter la correspondance, fut dénoncé par le capitaine. Arrêté le 21 mai 1591, on instruisit son procès, et, après qu’on lui eût inutilement infligé la torture pour lui arracher des révélations, il fut pendu sur la place de la Pêcherie.

Le 3 août suivant, M. de Nemours, qui commandait pour la Ligue, arriva à Mâcon avec 400 chevaux et 4,200 hommes de pied. Le même jour, il fit ses dispositions pour aller investir le château de Berzé où étaient le sieur de Rochebaron et sa femme. À cette occasion, il ordonna aux échevins de fournir 15,000 pains et 15 bottes de vin qui furent achetées jusqu’à 26 écus la botte. Le 6, le sieur de Rochebaron, ayant appris qu’on venait assiéger son château avec une couleuvrine, une bâtarde, une moyenne et deux fauconneaux, envoya dire à M. de Nemours, par le sieur de Locatel, qu’il demandait à capituler, à quoi le prince consentit. Les articles de la capitulation furent dressés dans les termes ci-après :

« Que la place de Berzé serait remise à M. de Nemours, dans demain, à dix heures du matin ;

Que le sieur de Rochebaron se retirerait avec ses gentilshommes, capitaines, soldats et domestiques, avec leurs armes, chevaux et bagages, où bon leur semblera ;

Que, pour sa femme, elle pourra se retirer à Joncy avec ses enfants,