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courus ne déflorèrent point son coup d’œil, son esprit prime-sautier, son génie d’observation, et, comme il avait le cœur bien placé, il se servit naturellement d’une langue saine, un peu gauloise, mais forte et de bonne venue[1]. On a comparé Coligny au maréchal de Monluc. Il y a entre ces deux hommes de guerre un air de famille. Faits l’un et l’autre pour l’action, ils se sont mesurés avec les orages de la vie et ont goûté les amertumes de la lutte. Ils ont écrit sous la seule inspiration de leur âme ; ils s’offrent à nous dans le simple appareil de leur loyauté et de leur fierté. Notre siècle, qui s’abîme de plus en plus dans la matière, trouverait grand profit à se rafraîchir avec les mémoires de Castelnau, de Fleuranges, de Montglat, de Coligny et de Monluc, mais les délicats, qui s’embarrassent peu des admirations de commande, connaissent seuls ces sources limpides de notre vieille littérature. Pour nous, gens de Velay, le souvenir de Coligny doit nous être spécialement cher. Coligny aima son oncle, le doux et spirituel Henry de Maupas, et il a rendu un véritable service à cette pure mémoire en nous conservant une partie de ces lettres du prélat, que nous avons publiées dans l’Annuaire de la Haute-Loire de 1877.



  1. Voir sur Coligny, outre la grande et belle Histoire de Louvois, l’édition des Mémoires du comte par M. Monmerqué, Paris, 1844.