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bibliographie

notable des reliques, enlevées aux édifices religieux de Constantinople, après la prise de cette ville en 1204, devint le patrimoine de notre cathédrale. Cette belle conquête redoubla l’affluence des pieux visiteurs et elle scella la mystique alliance établie, au lendemain de la première expédition de Jérusalem, entre notre église et le Saint-Sépulcre. On comprend, dès lors, que les Hospitaliers aient jeté les yeux sur le Puy, comme sur l’un des premiers asiles de leur charitable institution et, de fait, les chartes publiées par M. de Lagrevol nous montrent ces religieux installés dans notre ville en 1153. L’organisation régulière de leur hôpital à cette date dénote un établissement antérieur. Il en fut de même pour les Templiers, les fils, eux aussi, de la Palestine et de la croisade. La fondation du Temple remonte à 1118 : ses chevaliers, au rapport de Dom Vaissette, vinrent en Languedoc en 1136 et nous les trouvons au Puy, dès 1170, munis d’une maison bien montée, non loin du Portail-d’Avignon, d’une hiérarchie assise, d’un personnel de chevaliers, de chapelains, de frères servants et de domestiques. Cette éclosion quasi spontanée dans nos murs d’un prieuré important suggère une remarque applicable à toutes les créations religieuses de notre province. Ce sol vellave était si propice aux germes de foi et de croyance qu’on voit la plupart de nos couvents prendre, dès leur origine, un brillant essor. Les Carmes, les Cordeliers, les Dominicains ont à peine touché notre ville qu’ils s’y implantent comme dans une terre promise. L’arbuste devient du premier coup un chêne vigoureux. Notre maison du Temple formait déjà en 1170 un prieuré prospère avec son chef ou précepteur dans la ville et ses dépendances ou commanderies dans la campagne.

Le cartulaire de M. Chassaing ouvre le champ aux études les plus fructueuses. Il offre d’abord de très remarquables échantillons de la langue vulgaire usitée dans notre province aux XIIe et XIIIe siècles. On pourrait reconstituer dans ses lignes principales le vieux parler vellave en comparant l’idiome des