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boutique. À Paris et dans les autres villes du royaume, où le métier était formé en corps de jurande, les maîtres, jaloux de leurs privilèges, étaient parvenus à faire interdire aux chaudronniers ambulants de siffler et de raccommoder les ouvrages de chaudronnerie dans l’intérieur de ces cités. Ceux d’entre eux qui vendaient du neuf étaient traités comme marchands forains. Ils ne pouvaient étaler leurs marchandises que les jours de foires et de marchés, sous l’acquittement de certains droits.

Le Puy, ville fort industrieuse, compta certainement de tout temps de très nombreux chaudronniers. Ils durent même, très anciennement, être organisés en corps de métier. Dans une fête qui eut lieu au Puy en juillet 1530, on voit, au milieu des autres communautés ouvrières, marcher les peyrolliers, enseigne de taffetas jaune et gris en tête, sous la conduite de leurs bailles : Antoine Bodet et Jehan de la Johanya[1]. Cette communauté laissa-t-elle, durant les troubles du XVIe siècle, tomber en désuétude ses statuts ? Nul document n’est venu nous l’apprendre ; mais, au commencement du siècle suivant, les chaudronniers du Puy, pour parer à la rude concurrence que venaient leur faire jusque dans l’enceinte de la ville les chaudronniers au sifflet de l’Auvergne, se virent dans la nécessité de reconstituer leur communauté et de renouveler leurs statuts. Ces statuts sont inédits, je crois, et ils présentent quelque intérêt pour l’histoire de l’industrie locale ; c’est ce qui m’engage à les publier. À un autre titre, ce document est encore curieux. Parmi ses signataires figurent trois membres de la famille François, et je crois pouvoir rappeler que c’est à cette famille qu’appartiennent deux personnages dont l’importance peut être bien diversement appréciée ; Guy François, le peintre bien connu, et Claude François, cet enfant de chœur de la cathédrale du Puy, que son talent de chanteur mit dans les bonnes grâces de Marguerite de Valois, alors retirée à Usson, et qui, plus tard, enrichi et annobli par

  1. Médicis, t. I, p. 314.