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la décoration des croix, des roses et de cet ornement de cou connu sous le nom de Saint-Esprit, qui, après avoir été de mode dans le beau monde de toute la France, continua, presque jusqu’à nos jours, de jouir d’une grande vogue auprès des paysannes de l’Auvergne et du Velay. Mais plus souvent même, ils étaient remplacés par des verres colorés que leur prix plus modeste rendait accessible à tout le monde[1]. La valeur des grenats en tant que pierreries employées à l’ornementation des bijoux, ne fut jamais bien élevée ; et si ceux du Puy eurent jadis quelque célébrité, ils le durent à un autre emploi dont nous allons bientôt parler.

Venait en troisième ordre le péridot : d’après Pierre de Rosnel, qui, dit-il, « a creu qu’il n’y avait pas lieu de se mettre beaucoup en peine de faire la recherche de sa provenance », cette pierre, d’une couleur tirant sur le verdâtre, est très difficile à tailler et son usage est fort rare, à cause de sa dureté. « Son poliment, ajoute-il, est assez vif, mais néanmoins elle n’est estimée que lorsqu’elle surpasse le poids de huit à dix carats, et encore quoique extraordinairement grande elle ne vaut pas plus de trois à quatre livres le carat. Aussi entre marchands dit-on communément, que qui en a deux en a trop[2] ».

Mais, si nos pierres fines n’étaient pas en grande réputation auprès des joaillers ou même des riches connaisseurs, le commerce ne laissait pas encore de les rechercher. Les horlogers du pays de Vaud employaient les saphirs et les hyacinthes du Riou-Pezouliou pour décorer le centre du coq de leurs montres. Enfin mélangées toutes entre elles, même celles qui étaient petites comme des têtes d’épingle, nos gemmes étaient vendues, sous le nom générique de hyacinthes, de jargons, de fausses hya-

  1. Haudicquer de Blancourt ne se contente pas, dans son traité de l’Art de la verrerie, Paris, 1697, in-12o, d’indiquer la pâte propre à imiter les pierres fines, il enseigne encore l’art de teindre en couleur rouge les jargons d’Auvergne qui sont gris de lin, ainsi que la manière d’en ôter la couleur pour en faire de beaux diamants très durs, pag. 310, 313.
  2. Le Mercure indien, etc., pag. 13 et 30.